Doit-on se méfier du polype utérin ?

Qu’est-ce qu’un polype utérin ? Est-ce que ça fait mal ? Est-ce que c’est dangereux ? Autant de questions que l’on peut se poser lorsque ce type de grosseur nous est diagnostiqué. Même s’il ne faut pas les prendre à la légère, les polypes sont généralement bénins. Le professeur Gautier Chene nous explique le phénomène.

qu’est-ce qu’un polype utérin ?

Un polype utérin est une excroissance de forme ronde ou ovale se développant à l’intérieur de l’utérus. Il peut se développer au niveau de la muqueuse de l’endomètre, ou du col de l’utérus. Il peut y en avoir plusieurs d’un coup, mais le polype utérin est généralement seul, et sa taille varie de quelques millimètres à cinq ou six centimètres pour les plus gros. En fait, les polypes se développent toujours au sein d’une muqueuse, c’est pourquoi on peut les retrouver sur d’autres zones du corps comme la vessie, le vagin, l’estomac…

On le confond parfois avec une autre excroissance qui peut apparaître dans l’utérus : le fibrome. Le polype se différencie du fibrome entre autres par son incidence moindre : il est généralement moins gros et ne peut pas déformer l’utérus. Contrairement au fibrome, il n’est généralement pas douloureux puisqu’il est mou.

Les polypes utérins sont causés par un niveau d’œstrogènes élevé, responsables de la croissance de l’endomètre, ils peuvent parfois tellement le “booster” qu’ils provoquent alors l’apparition d’une excroissance. Gautier Chene, professeur de chirurgie gynécologique, explique :

“De façon générale en gynécologie il y a beaucoup de problèmes qui sont liés à une hyperoestrogénie. Ce n’est pas en faisant une prise de sang que l’on va s’en rendre compte : on peut avoir un taux normal d’œstrogènes mais plus élevé par rapport au taux de progestérone. C’est très classique avant la ménopause, donc neuf fois sur dix c’est bénin, par contre chez les femmes ménopausées il faut s’en inquiéter et suspecter un problème de cancer. Parce qu’à la ménopause, il y a beaucoup moins de sécrétions hormonales.”

Tout polype diagnostiqué à la ménopause doit être retiré, puisque les cancers ont plus tendance à apparaître après cinquante ans.

quels sont les symptômes d’un polype utérin ?

Les polypes utérins peuvent être asymptomatiques, mais ils sont en tout cas repérables lors d’un examen gynécologique de routine ou d’une échographie. Ils peuvent également provoquer des saignements en-dehors des règles, ou des règles plus abondantes. De fait, le polype peut provoquer une anémie engendrant une fatigue généralisée.

Si l’un de ces symptômes apparaît, l’idéal est de consulter un·e gynécologue pour vérifier la présence ou non de polype. Un examen par hystéroscopie (insertion d’un tube muni d’un dispositif optique), permettra de déterminer la taille et l’emplacement du polype, et la méthode à adopter pour l’enlever.

comment enlever un polype utérin ?

Plusieurs solutions sont possibles : ils peuvent être enlevés directement en cabinet sans anesthésie, avec anesthésie locale, ou en hôpital de jour avec anesthésie générale. Cela dépend de la taille et de l’emplacement de la grosseur.

“S’il est au niveau du col de l’utérus, on le fait en consultation, ça ne fait pas mal, on rend une petite pince et on fait un bistournage, qui consiste à tordre le polype. Si c’est un très gros polype il faut le faire dans un bloc opératoire au cas où il y aurait des saignements.”

L’ablation d’un polype situé plus profondément dans la cavité utérine peut en revanche provoquer des douleurs, puisque cela nécessite d’entrer dans la cavité. Des équipements existent aujourd’hui pour que l’ablation soit pratiquée par un·e gynécologue, mais ils restent coûteux. Le plus souvent, il sera donc retiré au bloc opératoire par un·e chirurgien·ne. 

les polypes peuvent-il gêner la fertilité ?

Un polype utérin peut être problématique pour la grossesse, puisqu’il provoque des saignements qui risquent de gêner la nidation. Si on souhaite tomber enceinte, mieux vaut donc au préalable aller consulter un·e gynécologue afin de s’assurer de l’absence de polype. Gautier Chene indique que pendant la grossesse, le polype ne risque pas de provoquer une fausse couche mais il peut créer des saignements qui risquent d’inquiéter la future mère. Si celui-ci n’est pas placé trop loin dans la cavité utérine, il sera alors retiré pour éviter toute gêne. Dans le cas contraire, Gautier Chene préfère ne pas opérer pour, justement, éviter de provoquer une fausse couche. Voilà pourquoi il est important, lorsqu’on prévoit de tomber enceinte, d’aller consulter au préalable afin d’enlever d’éventuels polypes en amont.

Et si vous avez eu un polype dans le passé, il peut y avoir récidive. L’idéal est de prévoir un contrôle gynécologique de temps en temps pour s’assurer qu’il n’y en a pas d’autres :

“C’est un adage en médecine : quand on a un problème une fois on peut l’avoir une seconde fois. Toute patiente qui a eu un fibrome ou un polype a le risque d’en avoir à nouveau, donc il faut faire une échographie une fois de temps en temps.”

Plus un polype est repéré tôt, plus son ablation sera simplifiée. Un examen de temps en temps est donc idéal pour se prémunir de ces désagréments !

###FAQ

#une FIV peut-elle provoquer l’apparition de polypes utérins ?

Non, une fécondation in vitro ne peut pas provoquer l’apparition d’un polype. En revanche, il est nécessaire de vérifier qu’il n’y en a pas avant de réaliser une FIV, afin d’éviter qu’un éventuel polype ne gêne l’intervention.

#existe-t-il des traitements naturels pour enlever un polype utérin ?

Lorsqu’on constate l’existence d’un polype, l’ablation est fortement conseillée afin d’éviter qu’il ne grossisse.

#un curetage est-il envisageable pour retirer un polype utérin ?

Le curetage est une intervention consistant à venir gratter l’endomètre. Il est tout à fait possible d’enlever un polype de cette façon : c’est une intervention souvent pratiquée après la ménopause, et qui permet aussi de limiter l’apparition d’autres polypes.

#un polype utérin peut-il disparaître de lui-même ?

Les plus petits peuvent parfois se résorber, mais ce n’est pas systématique. L’ablation est le plus souvent recommandée, et peut se faire directement en cabinet gynécologique dans certains cas.

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