Les règles peuvent modifier l’humeur et l’énergie d’une femme. Pourtant, certaines affirment que ces variations pourraient se transformer en véritable atout, à condition de savoir les gérer comme il se doit !
Toutes les personnes menstruées ne sont pas égales face aux douleurs et variations d’énergie liées à leur cycle. Si certaines ont la chance de connaître des règles courtes et presques asymptomatiques, bien d’autres doivent lutter contre une fatigue tenace ou encore des douleurs.
Une condition qui peut devenir très contraignante quand vient l’heure de travailler. Pourtant, des solutions existent.
Quelles mesures pour aider les personnes ayant leurs règles au travail ?
Dans le monde, quelques rares pays comme le Japon proposent de prendre un congé menstruel. C’est-à-dire qu’ils permettent aux femmes souffrant de règles douloureuses de poser un ou deux jours de congés menstruel. Ce sont des congés spécifiques qui viennent s’ajouter aux congés traditionnels.
Cette idée reste cependant très critiquée. On l’accuse d’une part de risquer d’accroître la discrimination des femmes à l’embauche, et de l’autre de banaliser les souffrances dues aux règles. Il n’est pas normal d’avoir mal au point de ne pas pouvoir travailler, et cela peut être lié à de l’endométriose. L’endométriose est une maladie qui reste sous-diagnostiquée touchant environ 10 % des femmes.
Alors plutôt que de proposer aux femmes de prendre des congés, en Suède, l’association MENSEN a lancé en 2018 un programme visant à sensibiliser les entreprises afin de créer un environnement de travail plus adapté aux personnes menstruées. Une nécessité si l’on en croit le sondage que l’association a lancé : 57,5 % des participantes expliquent que leur cycle menstruel affecte leur productivité.
Face à la (quasi) absence de solutions proposées, certain·e·s s’adaptent en écoutant leur corps.
Connaître ses règles, une solution pour mieux travailler ?
Gaëlle Baldassari, ancienne responsable de banque s’est aujourd’hui reconvertie dans le « coaching en cycles menstruels ». Au téléphone, elle explique l’importance d’écouter son corps et ses signaux.
« Le problème, quand on ne connaît pas son cycle, c’est qu’on va a avoir tendance à lutter contre ses variations au sens large, c’est-à-dire autant celles liées aux règles qu’à l’ovulation ou encore son syndrome prémenstruel. Il peut s’agir de variations d’énergie, d’humeur ou encore de douleur.
Par exemple, sur des variations d’énergie, cela peut être de boire plus de café pour lutter quand on se sent fatiguée, ou au contraire de s’empêcher de tout faire quand on a un trop plein d’énergie.
Je pense qu’il ne faut pas lutter, mais les accepter et savoir les utiliser à notre profit. »
Comment ? La coach insiste sur le fait que chaque typologie d’énergie a ses avantages et inconvénients.
« Ce que je conseille aux femmes, c’est de se demander ce qu’elles s’autorisent grâce à ces douleurs, qu’elles ne s’autoriseraient pas sinon. Par exemple, ne pas préparer le dîner pour la famille, ou encore quitter plus tôt le travail, et ressentir moins de culpabilité ! »
Communiquer (ou non) sur ses règles au travail
Passée cette étape d’écoute de son corps, Gaëlle Baldassari insiste sur l’importance de savoir communiquer avec son entourage professionnel.
« Prenons l’exemple du coup de fatigue dû aux règles. L’important est de rassurer les personnes qui comptent sur votre travail. Cela évite le phénomène de pression qui monte quand on n’est pas bien, qu’on essaye de le cacher mais que l’autre s’en aperçoit. Le ou la collègue risque alors de s’en inquiéter, et de finir par mettre la pression, et à suivre de trop près votre travail, de faire du micro-management alors que vous avez juste envie de souffler.
Un bon exemple peut alors être de communiquer en disant : je sais que tu me vois un peu fatiguée, c’est le cas. En revanche, je te renouvelle le fait que je suis engagée sur le projet, et que mercredi à 16H, ce sera fait. »
Pour cette autrice, parler directement de ses cycles menstruels au travail n’est cependant pas nécessaire :
« Ça va surtout dépendre de l’ambiance de l’entreprise, et je n’ai pas envie que les femmes se retrouvent jugées par quelque chose qui les stigmatise. Encore une fois, on n’a pas forcément besoin d’affirmer un statut menstruel, mais plutôt de rassurer ses collègues sur notre engagement dans nos missions. »
Les règles au travail : quelques témoignages
Chaque entreprise a sa propre culture. Clélia, 26 ans, a premièrement travaillé dans une petite start-up entièrement féminine avant d’être engagée dans un grand groupe il y a deux ans. Elle témoigne de la différence de traitement :
« Je me souviens que dans mon ancienne boite, quand j’avais mes règles, je pouvais bosser sur un canapé, une bouillote sur le ventre. Ça m’aidait à me sentir mieux. Dans ma nouvelle entreprise, ce n’est clairement pas envisageable. Un jour, une collègue est venue me demander en chuchotant si j’avais des médicaments contre les douleurs de règles. Je sentais qu’elle avait honte, ça m’a rendu un peu triste pour elle, ce genre de demande me semble normale. »
Alors s’il n’y a qu’une chose à retenir, c’est que même si changer l’avis de la société sur les règles est un travail long, de nombreuses initiatives personnelles ou collectives peuvent aider à mieux vivre son cycle menstruel au travail.