Manquer de sommeil et avoir du mal à faire face à sa nouvelle vie, quand on vient d’accoucher, c’est normal. Quand ces sentiments durent dans le temps, une dépression post-partum peut être diagnostiquée. Un mal dont il est important de parler, car plus il est repéré tôt, mieux il peut être soigné.
La dépression post-partum est un phénomène plutôt répandu : il touche 15% à 20% des femmes après l’accouchement, selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français. Pourtant, elle est souvent mal soignée car mal dépistée : elle reste aujourd’hui un tabou. Quelles sont les causes de la dépression post-partum, comment se caractérise-t-elle et comment peut-elle être soignée ? On vous dit tout.
dépression post-partum, baby blues, psychose puerpérale : quelles différences ?
La dépression post-partum arrive au cours des trois premiers mois suivant l’accouchement et peut durer de six mois à un an. En l’absence de traitement, elle peut même devenir chronique, ou disparaître d’elle-même. Elle se différencie du baby blues et de la psychose puerpérale.
Le baby blues affecte plus de 30% des femmes qui viennent d’accoucher, selon Passeport santé. Il apparaît dans les premiers jours après l’accouchement et est transitoire : la jeune maman fait face à une chute hormonale, une augmentation du stress et un manque de sommeil, ce qui engendre une grosse baisse de moral. Le baby blues ne dure pas plus de quinze jours. En revanche, il peut se muer en dépression post-partum.
La psychose puerpérale est plus rare et plus violente : elle survient dans les deux premières semaines après la naissance du bébé, et se manifeste par une confusion, beaucoup d’anxiété, des hallucinations, de la paranoïa, des idées délirantes… Les femmes atteintes de ce trouble peuvent aller jusqu’aux idées suicidaires et infanticides. La psychose puerpérale nécessite une hospitalisation immédiate.
Quelles sont les causes de la dépression post-partum ?
Ce phénomène n’a pas une seule et unique cause, mais plusieurs facteurs peuvent favoriser son apparition : l’équilibre entre les tâches liées au bébé et celles liées au loisir est un point important. Si la mère doit constamment s’occuper du nouveau-né, elle sera plus susceptible de développer une dépression post-partum. Un grand changement arrivant en même temps que le bébé (comme un déménagement) peut aussi être un facteur aggravant.Play
Il existe également des facteurs antérieurs. Les femmes qui ont déjà fait face à une dépression post-partum suite à un précédent accouchement pourront tout à fait y être à nouveau confrontées après une nouvelle grossesse. De même si, hors-grossesse, elles ont déjà eu des symptômes de dépression ou d’anxiété. En discutant en amont avec un·e professionnel·le de santé, il est donc possible d’identifier les risques de dépression post-partum et de tenter d’adapter le rythme de vie des jeunes parents juste après l’accouchement.
Comment reconnaître une dépression post-partum ?
Selon le site Naître et grandir, la dépression post-partum se caractérise par un sentiment de profonde tristesse inexpliquée, de dévalorisation ou de culpabilité, d’irritabilité, une fatigue excessive ou des problèmes de sommeil. La jeune mère peut être particulièrement anxieuse, manifester un changement d’appétit, être dans l’incapacité de s’occuper de son bébé, et avoir l’impression persistante que les choses ne s’arrangeront jamais. Une femme atteinte de dépression post-partum ne présentera pas forcément tous ces symptômes, mais cela durera toujours dans le temps. Margaux Duguet, journaliste, a raconté sa dépression post-partum dans un thread sur twitter en janvier 2020. Elle a expliquée être rapidement dépassée par la situation :
“L’enfer des nuits commence. Je ne dors plus du tout. Elle dort à mes côtés mais je surveille en permanence que tout aille bien. L’allaitement m’épuise mais je sais (on nous le répète tout le temps) que c’est ce qu’il y a de meilleur pour elle. Alors, je tiens. Enfin, j’essaye. Mon mari reprend le travail (oui l’allongement du congé du papa, ce n’est pas encore pour nous)* et moi, je plonge. Je me retrouve seule et l’épuisement me gagne petit à petit.”
En tant que mère, la meilleure façon de réaliser qu’il y a un problème est d’en parler. Une chose plus facile à dire qu’à faire, parce qu’on a souvent peur d’être jugée, d’être vue comme une mauvaise mère. Mais obtenir un point de vue extérieur peut aider à comprendre que quelque chose cloche. En parler avec un médecin est important, aborder la question avec ses proches, sa famille, peut aussi être révélateur.
*En septembre 2020, le Gouvernement a annoncé l’allongement du congé de paternité de 14 jours à 28 jours dont 7 jours obligatoires à compter du 1er juillet 2021.
Comment soigner la dépression post-partum ?
Lorsqu’une dépression post-partum est dépistée, on peut dans un premier temps essayer de mettre en place des réflexes au quotidien qui pourront diminuer ses effets, voire y mettre fin. Se reposer au maximum, manger sainement, faire de l’exercice comme du yoga, de la piscine ou de la marche, et prendre soin de soi sont particulièrement conseillés. Rester en contact avec ses proches est important pour ne pas s’enfermer dans ces sentiments négatifs, et il peut être aussi intéressant de se rapprocher d’associations qui mettent en contact de jeunes parents, pour partager son vécu.
Un·e professionnel·le de santé pourra prescrire un traitement médicamenteux, avec des antidépresseurs (à la composition adaptée en fonction de si la mère allaite ou non) le plus souvent accompagnés d’une psychothérapie.
En cas de dépression post-partum très forte ou qui semble ne pas s’arranger, une hospitalisation pourra être proposée. Les unités parents-enfants permettent aux jeunes mamans de rester avec leur bébé et ainsi de rétablir la connexion avec lui. En effet, la plupart du temps la dépression post-partum se caractérise par une prise de distance avec le nouveau-né qui, au fil du temps, peut affecter son développement cognitif. D’où l’importance pour la mère et l’enfant de rester ensemble en cas d’hospitalisation. Margaux Duguet raconte son séjour dans une unité spécialisée :
“Je rencontre des professionnels extraordinaires, aux petits soins, rassurant sans cesse, écoutant en permanence. Avec eux, je vais apprendre à calmer mes angoisses. Il y aussi ces mamans, ces femmes qui vont être à mes côtés et avec qui je vais tant partager. Elles sont incroyablement fortes et puissantes. Elles ont parfois d’autres enfants à l’extérieur qu’elles peuvent difficilement voir avec le covid.”
Et le conjoint ?
La dépression post-partum touche majoritairement la mère qui vient d’accoucher, car la chute hormonale suivant l’accouchement est un facteur de risque. Néanmoins, le ou la conjoint·e peut également faire face à ce type de crise. Sans compter qu’une personne est plus susceptible de faire une dépression post-partum si l’autre parent en fait déjà une.
Là encore, c’est lorsque les symptômes se poursuivent sur la durée que l’on diagnostique la dépression. Une aide médicamenteuse ainsi qu’une psychothérapie pourront également être proposées par un·e médecin.
Lorsqu’on souffre d’une tristesse persistante et inexpliquée, d’un sentiment d’impuissance, d’un manque d’appétit, d’une fatigue excessive… plusieurs semaines après un accouchement, l’idéal est d’en parler. Si vous ne savez pas vers qui vous tourner, des numéros gratuits existent comme le 0 800 00 3456 mis en place par l’association Enfance et Partage.