Que risque-t-on à s’épiler le maillot ?

Toute l’année, les marques de rasoir nous incitent à nous débarrasser de nos poils, notamment au niveau du maillot. Une pratique qui a un coût, pour le porte-monnaie, comme pour la flore vaginale.

L’épilation intime, une pratique (trop ?) courante

D’après un sondage de l’Ifop pour la plateforme de santé sexuelle masculine Charles.co publié en janvier 2021, 41% des hommes et 48% des femmes coupent ou taillent leurs poils pubiens partiellement, contre 45% des hommes et 28% des femmes qui préfèrent laisser leur pilosité intime tranquille, à l’état naturel.

L’épilation intégrale du pubis serait quant à elle choisie par 14% des hommes et 24% des femmes. Une pratique motivée par des critères esthétiques, des normes sociétales, ou des raisons hygiéniques (à tort).

Mais se débarrasser intégralement de ses poils pubiens n’est pas sans risque pour la santé : au lieu de contribuer à l’hygiène intime, l’épilation du pubis peut au contraire déséquilibrer la flore vaginale.

L’intérêt des poils pubiens

Les poils du corps ont plusieurs fonctions, dont celle de la régulation de la température, afin de s’adapter au chaud et au froid. Les poils jouent aussi un rôle hydratant, puisqu’ils participent à la création du film hydrolipidique (la glande sébacée sécrète du sébum) qui protège la peau des agressions et la maintient hydratée.

Véritable barrière protectrice, les poils pubiens protègent les muqueuses génitales des mauvaises bactéries et champignons. Ils réduisent ainsi le risque d’infection et d’irritation, notamment pendant les rapports sexuels, et préviennent la sécheresse vaginale.

Les poils pubiens jouent également un rôle dans l’attirance sexuelle. Les glandes sébacées, à l’origine des poils, captent les odeurs et retiennent les phéromones, des molécules chimiques inodores qui participent à l’attraction sexuelle.

Les risques de l’épilation du maillot

Enlever ses poils pubiens revient à s’exposer davantage aux infections sexuellement transmissibles (IST : gonorrhées, chlamydia, syphilis, herpès), et autres infections et inflammations liées à la flore intime (vaginosemycose).

“Chez les femmes épilées, le risque d’attraper une IST comme de l’herpès, la syphilis ou des condylomes est multiplié par 2,6. Même pour des infections qui n’ont pas de rapport avec la peau, comme les chlamydias, le risque est multiplié par 1,7” rapporte Jean-Marc Bohbot, gynécologue et auteur de “Microbiote vaginal, la révolution rose”, dans un article de France Info

Les hommes qui s’épilent le pubis sont quant à eux davantage exposés à l’herpès génital.

Puisqu’ils s’interposent entre les parties génitales et les vêtements, les poils pubiens protègent également des irritations liées aux frottements du tissu contre la peau, et limitent les démangeaisons.

L’épilation des poils pubiens peut également favoriser l’apparition de poils incarnés : lorsqu’ils n’arrivent à passer la barrière de l’épiderme, ceux-ci poussent sous la peau et peuvent causer des rougeurs et boutons.

Enfin, l’épilation comme le rasage causent des micro-blessures au niveau du derme.

Les risques liés à l’épilation du pubis sont augmentés si celle-ci est régulière et intégrale. 

L’épilation au laser

L’épilation au laser, qui consiste à détruire le bulbe à l’origine du poil, comporte les risques cités précédemment, en plus de présenter un caractère définitif. La glande sébacée et le follicule pileux étant détruits par la lumière du laser, la peau du pubis est moins hydratée qu’elle le devrait. Débarrassé des poils et du sébum censé protéger la surface de la peau, l’appareil génital, dont le microbiote est fragile, est alors plus vulnérable.

Si toutefois c’est l’option retenue, il est préférable de réaliser l’épilation au laser chez un professionnel, puisque la méthode comporte également un risque de brûlure. “Il faut une adaptation des paramètres selon la couleur de peau mais aussi selon la zone. D’autant plus pour la zone du maillot qui présente différentes teintes, tout ce qui va être sur les lèvres, la zone génitale à proprement parler ou le sillon inter-fessier”, affirme le Dr Nina Roos, dermatologue, interrogée par Doctissimo.

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