Apprendre qu’on a une grosseur dans la cavité utérine, souvent, ça fait peur. Pourtant, les fibromes utérins sont toujours bénins et c’est surtout quand ils prennent de la place qu’ils doivent être enlevés.
Le fibrome utérin est une grosseur apparaissant le plus souvent à l’intérieur de la cavité endométriale, et dont la taille peut varier de 1 à 20 centimètres pour les plus gros. En fonction de l’endroit où il est placé et de la vitesse à laquelle il évolue, il peut créer des gênes, mais ne débouchera jamais sur un cancer. Quand faut-il consulter ? Est-ce obligatoire d’opérer ? Réponses avec Gauthier Chene, chirurgien gynécologue.
Qu’est-ce qu’un fibrome utérin ?
Un fibrome utérin se forme à partir du myomètre, le muscle situé sous l’endomètre. Il est donc constitué de fibre musculaire, contrairement aux polypes qui sont constitués de tissus de l’endomètre, et aux kystes qui se composent de liquide. Gauthier Chene fait remarquer que 30 à 40% des femmes présentent des fibromes.
“Il s’agit d’une tumeur bénigne qui se forme à partir du myomètre : les fibres musculaires lisses s’individualisent et vont grossir. C’est l’évolution naturelle du fibrome, uniquement pendant la vie génitale de la patiente, sous l’impulsion des œstrogènes.”
L’apparition et le développement de fibromes est donc liée aux hormones. En revanche, on ignore pourquoi certaines personnes y sont plus sujettes que d’autres. Mais on sait que lorsqu’une femme est diagnostiquée d’un ou plusieurs fibromes, elle est susceptible d’en avoir à nouveau tout au long de sa vie. De plus, cette affection est bien souvent génétique.
Il existe trois types de fibromes : l’intramural situé dans le myomètre, le sous-séreux dirigé vers l’extérieur de l’utérus, et le sous-muqueux, plus rare, apparaissant sous l’endomètre.
Quels sont les symptômes ?
Si l’évolution naturelle des fibromes est de grossir, certains se développeront très lentement et seront donc longtemps asymptomatiques. Les symptômes varient aussi en fonction de leur localisation.
“Dans la cavité endométriale, ils entraînent des saignements intempestifs, des règles plus abondantes, plus longues. Ceux qui sont situés sur le muscle, tout dépend de leur volume : s’ils sont gros, ils vont entraîner des douleurs, des compressions des organes.”
Un fibrome dirigé vers la vessie par exemple va entraîner des infections urinaires à répétition. Orienté vers l’intestin, il peut créer des problèmes de constipation. Les douleurs quant à elles, seront localisées au niveau du bas-ventre. Les fibromes peuvent être repérés au cours d’une visite de routine chez un·e gynécologue ou lors d’une échographie. D’ailleurs, Gauthier Chene conseille aux personnes qui ont déjà eu des fibromes utérins de faire une échographie tous les ans pour voir si de nouveaux ne sont pas apparus.
Quand opérer ?
L’opération n’est pas systématique. Généralement, le ou la gynécologue ne préconisera pas d’opération en l’absence de symptômes. Comme dit plus haut, beaucoup de personnes ont des fibromes et certains grossissent très lentement, ce qui ne les rend pas gênants dans un premier temps.
Lorsque les fibromes deviendront une gêne en revanche, il sera préconisé de les faire enlever. Il existe différentes manières d’enlever un fibrome, mais cela passe toujours par une opération. En fonction de son emplacement, il pourra être enlevé par voie naturelle, ou en pratiquant une incision abdominale. Il existe aujourd’hui des méthodes d’opération par incision peu invasives, comme la coelioscopie. Il s’agit d’introduire une optique par le nombril, et de pratiquer deux petites incisions de 5 centimètres pour pouvoir opérer à l’intérieur du ventre sans l’ouvrir. Cette technique permet à la personne opérée de se rétablir plus vite : deux à trois jours d’hospitalisation seront nécessaires, puis deux à trois semaines d’arrêt maladie.
À part l’ablation de l’utérus, il n’existe aucune manière d’empêcher définitivement l’apparition des fibromes. De même, ils ne peuvent pas se résorber tout seuls, sauf à l’arrivée de la ménopause. D’ailleurs, aucun fibrome ne peut apparaître une fois cet état atteint.
“Il existe des médicaments en injection qui permettent de se mettre en ménopause artificielle, mais c’est pas toujours toléré par le corps, et on ne peut pas les utiliser régulièrement parce qu’il y a des risques d’ostéoporose. Cela peut permettre en revanche de freiner un fibrome qui grossit très vite, avant une opération.”
Aucun moyen de contraception ne permet d’empêcher l’apparition des fibromes. Côté remèdes “naturels” là aussi, méfiance : le professeur Gauthier Chene met en garde contre les remèdes miracles vendus sur internet, qui généralement ne soigneront pas le problème, et peuvent au pire être toxiques. Lorsque le fibrome devient trop gros, il vaut mieux opérer : Christelle, mère de famille, a eu un fibrome comme sa mère avant elle.
“Le fibrome avait été détecté en 2013. Lorsqu’il a grossi, j’ai refusé de me faire opérer car une ancienne collègue avait eu une mauvaise expérience lors d’une opération similaire. J’ai finalement fait une embolie pulmonaire en avril 2020. Le fibrome, très gros, faisait pression sur la veine iliaque.”
Christelle a finalement été opérée d’urgence, avec ablation de l’utérus.
Les fibromes sont-ils dangereux pour la grossesse ?
Dans la mesure où les fibromes ne font que grossir, ils pourront en cas de grossesse gêner le développement de l’embryon. De plus, enlever un fibrome sur une femme enceinte est une opération trop risquée, qui serait dangereuse pour la grossesse.
C’est pourquoi il est important de vérifier l’absence de fibrome auprès d’un·e gynécologue lorsqu’on désire tomber enceinte. Cette vérification est d’autant plus nécessaire lorsque d’autres femmes de la famille en ont eu, puisque les fibromes sont souvent génétiques.
FAQ : Tout savoir sur le fibrome utérin
Est-il possible de faire du sport si j’ai un fibrome utérin ?
Tant qu’ils sont petits, les fibromes utérins ne gêneront normalement pas votre activité au quotidien. S’ils commencent à créer des saignements inhabituels ou des douleurs, le ou la gynécologue conseillera généralement l’opération.
Comment calmer la douleur liée au fibrome utérin ?
Les médicaments classiques comme le spasfon et le doliprane pourront aider dans un premier temps, puis des anti-inflammatoires ou des antalgiques. Sachant que là encore, lorsque la douleur deviendra trop élevée, le ou la professionnel·e de santé préconisera généralement de faire enlever les fibromes.
Quelle contraception choisir en cas de fibrome utérin ?
Comme dit plus haut, aucun contraceptif n’empêche l’apparition des fibromes. En revanche, certaines pilules hormonales permettent de réduire les saignements pendant les règles. Elles pourront être proposées par un·e professionnel·le de santé.
Peut-on avoir des fibromes et l’endométriose ?
Il arrive que certaines femmes présentent ces deux affections. Comme elles sont toutes deux liées aux oestrogènes, le cas de figure est tout à fait possible. C’est le cas de Marie-Annick, 34 ans :“J’ai six fibromes, qui ont été diagnostiqués en février 2020 en plus de mon endométriose. Pour le moment l’idée est plutôt de traiter l’endométriose et de surveiller l’évolution des fibromes, on ne m’a pas proposé de les enlever.” Pas de panique donc si on vous diagnostique des fibromes : ces grosseurs sont bénignes et ne causeront aucun problème de santé majeur, tant que vous assurerez un suivi régulier auprès d’un·e professionnel·e.