L’incontinence urinaire concerne plus de trois millions de personnes en France, dont les trois quarts sont des femmes. Malgré sa prévalence, cette affection est souvent considérée comme honteuse ce qui retarde considérablement le diagnostic et donc la prise en charge… Et pourtant, il n’y a rien de honteux là-dedans : si notre corps est la plupart du temps une machine bien huilée il arrive que la dynamique s’enraye ! Et heureusement, il y a des solutions. Prête pour une petite leçon de mécanique ?
L’incontinence urinaire, qu’est-ce que c’est ?
On parle d’incontinence urinaire lorsque des pertes involontaires d’urine se produisent le jour et/ou la nuit. Ces fuites peuvent être liées à l’effort, lorsque vous riez ou que vous éternuez ou à des facteurs neurologiques : on parle alors d’incontinence par impériosités qui s’accompagne, elle, d’un besoin urgent d’aller aux toilettes, souvent sans avoir le temps d’y arriver… Dans les deux cas, l’incontinence urinaire n’est pas une maladie mais un symptôme !
Qu’elle soit occasionnelle ou quotidienne, l’incontinence peut avoir des conséquences psychologiques ou sociales importantes : comment planifier un trajet en transport en commun, sortir avec des amis ou tout simplement aller travailler lorsqu’on ne peut pas se retenir ? La qualité de vie est de fait altérée à tous les niveaux : sommeil, vie sexuelle, activité sportive, etc. Malgré cela, très peu de personnes consultent : entre 10 et 20% seulement des incontinences sont prises en charge.
Qui est concerné par l’incontinence urinaire ?
On dénombre environ trois millions de personnes atteintes d’incontinence urinaire en France dont 75% sont des femmes. Plus largement, 25 à 40% de la population féminine serait concernée de façon occasionnelle ou quotidienne par l’incontinence urinaire. Ce sont donc plusieurs millions de femmes qui subissent l’incontinence urinaire au quotidien ! La faute à qui ? A notre conduit urinaire, plus court chez les femmes que chez les hommes, mais aussi à nos grossesses et nos hormones !
En effet, d’après l’Association Française d’Urologie, les facteurs de risques sont multiples : l’âge, les grossesses, l’accouchement par voie naturelle, la ménopause mais aussi l’obésité, la toux, les efforts répétés et maladies chroniques pulmonaires, l’intoxication tabagique, etc.
A noter cependant que, contrairement aux idées reçues, l’incontinence ne touche pas que les personnes âgées ! Certes, l’incontinence urinaire a tendance à augmenter en vieillissant, mais elle peut concerner tous les âges : avant 25 ans, la fréquence est d’environ 20%, après 75 ans, elle atteint plus de 45%.
Comment fonctionne la vessie ?
Pour bien comprendre les différents types d’incontinence urinaire, commençons par une petite leçon d’anatomie. Le mécanisme de l’appareil urinaire est relativement simple. Il est composé:
- Des reins, dont le rôle est de filtrer le sang pour y récupérer les déchets qui sont évacués par l’urine. Une fois produite, cette urine s’écoule par les uretères qui relient les reins à la vessie.
- De la vessie, qui stocke l’urine. Sa partie supérieure est appelée dôme vésical : ce dôme est très élastique, ce qui permet à la vessie de se distendre pour jouer son rôle de réservoir. Ce dôme contient un muscle – le détrusor – qui se contracte lors de la miction afin d’évacuer l’urine vers l’orifice urinaire, un peu comme le mécanisme de la chasse d’eau !
- Du sphincter urinaire (ou sphincter urétral), situé dans la partie inférieure de la vessie. Ce muscle est relié à l’urètre, par lequel s’écoule l’urine lorsque nous allons aux toilettes. Ce sphincter a une double structure : le sphincter interne est contracté en permanence, de façon inconsciente et ne se relâche que pour laisser passer l’urine, lors de la miction ; le sphincter externe peut être contracté volontairement lorsque la vessie est pleine et qu’on a besoin de se retenir. Ces sphincters ont une seule et même mission : empêcher les fuites ! Ils fonctionnent un peu à la manière d’un clapet et assurent ainsi la continence urinaire, c’est à dire le fait de contrôler l’écoulement des urines lorsque la vessie se remplit. Ils sont renforcés par le tonus des muscles pelviens.
On observe deux phases dans le fonctionnement de l’appareil urinaire :
1- la phase de remplissage : l’urine produite par les reins arrive dans la vessie. Au fur et à mesure du remplissage, l’envie d’uriner apparaît. Lors de cette phase, la vessie reste étanche grâce au sphincter urétral. De petits capteurs dans la paroi de la vessie sont stimulés à chaque variation de la tension de la vie : plus la vessie est remplie, plus elle est distendue, plus on a envie de courir au petit coin !
2- la phase de vidange (ou miction) : confortablement installée sur les WC, c’est le moment où le cerveau donne l’ordre au sphincter de se relâcher. En même temps, le muscle de la vessie – le détrusor, souvenez-vous ! – se contracte vigoureusement pour pousser l’urine vers la sortie. Cette contraction permet en même temps de fermer les uretères pour éviter que l’urine ne remonte vers les reins. Il n’y a donc plus qu’une sortie possible : l’urètre !
Les différents types d’incontinence urinaire
L’incontinence d’effort
C’est le type d’incontinence urinaire le plus répandu : l’incontinence urinaire d’effort concerne plus de la moitié des incontinent(e)s !
Elle se produit lorsque les muscles du sphincter urinaire et les muscles pelviens sont trop faibles : la porte de sortie de la vessie n’a plus les moyens de se fermer correctement et les fuites urinaires vont alors survenir, par petits jets, lorsqu’il y a une augmentation de pression abdominale (toux, rire, soulèvement d’une charge lourde, activité physique, etc.).
Lorsque le sphincter urétral manque de peps, on parle d’insuffisance sphinctérienne. Mais parfois, ce sont les muscles alentours qui fatiguent, notamment les muscles pelviens et le périnée. Sans ce support anatomique, des fuites peuvent alors survenir.
C’est pourquoi les mamans sont particulièrement concernées par ce type d’incontinence : lors de la grossesse, le poids du bébé et les hormones contribuent à distendre le périnée. Le processus atteint un point culminant lors de l’accouchement : le périnée est alors étiré au maximum pour laisser passer le bébé (ce qui peut provoquer des déchirures mais c’est une autre histoire). Après cet épisode traumatique, les muscles du plancher pelvien peuvent être complètement distendus et ne plus assurer leur rôle de « hamac », en soutien de la vessie ou du vagin. C’est à ce moment que des fuites urinaires vont se produire.
L’obésité sévère multiplie par cinq le risque d’incontinence urinaire. 15% des femmes sont touchées en France. Elle peut provoquer des fuites urinaires dans la mesure où l’augmentation des kilos dans l’abdomen augmente la pression dans la vessie. Le surpoids peut également altérer certains nerfs qui innervent les muscles de la vessie et les sphincters.
L’incontinence par impériosité
On parle d’incontinence par impériosité, ou hyperactivité vésicale, lorsque les fuites d’urine sont liées à un besoin urgent et irrépressible d’uriner ne laissant pas le temps d’arriver aux toilettes : dans le jargon médical, on parle d’urgenturies.
Cette forme est liée à une hyperactivité des muscles de la vessie, qui se contractent anormalement pendant le remplissage de la vessie. La pression dans la vessie devient telle que le sphincter, même en bon état de marche, ne peut retenir l’urine. Ce type d’incontinence urinaire augmente alors le nombre de mictions de jour comme de nuit (pollakyurie et nycturie) : le simple fait que la vessie se remplisse provoque l’envie d’uriner ! L’incontinence urinaire par impériosité peut ainsi avoir un retentissement particulièrement important sur la vie sociale.
Les causes peuvent être multiples :
- origine urologique : la vessie est irritée à cause d’une cystite infectieuse ou inflammatoire, d’une tumeur ou de calculs. Il peut également y avoir un obstacle qui bloque le bon fonctionnement de la vessie : sténose urétrale (rétrécissement de l’urètre), bandelette sous urétrale trop serrée…
- origine neurologique : certaines maladies neurologiques comme les AVC ou la sclérose en plaques peuvent provoquer une hyperactivité de la vessie. L’incontinence par impériosité peut également être le résultat de lésions à la moelle épinière ou au système nerveux périphérique (dans le cas d’une hernie discale ou d’un diabète par exemple).
- origine psychologique
L’incontinence par impériosité concerne 10 à 20% des patients souffrant d’incontinence.
L’incontinence mixte
L’incontinence urinaire mixte combine les deux formes d’incontinence déjà citées. Si vous avez des petites fuites, parlez-en à votre médecin qui fera un diagnostic et vous guidera.