Comment se déroule une interruption volontaire de grossesse ? Quels sont les délais légaux ? Où prendre rendez-vous ? Existe-t-il des risques ? Focus sur l’IVG.
IVG : de quoi parle-t-on ?
Une IVG, ou interruption volontaire de grossesse, est un avortement réalisé dans un cadre légal, sur décision de la femme enceinte.
Il existe deux manières d’interrompre une grossesse : la chirurgie et les médicaments. La technique mise en place dépendra du terme de la grossesse ainsi que de la volonté de la patiente.
IVG médicamenteuse et instrumentale
L’IVG médicamenteuse peut se dérouler dans un cabinet médical en ville, un planning familial, un hôpital ou une clinique. Un premier médicament va stopper la grossesse, puis un second servira à expulser l’œuf implanté.
L’IVG chirurgicale, aussi appelée IVG instrumentale, se pratique en hôpital ou clinique. Réalisée sous anesthésie locale ou générale, l’intervention consiste à aspirer l’œuf pour l’expulser de l’utérus.
Existe-t-il un âge minimum pour l’IVG ?
L’IVG n’est soumise à aucune limitation d’âge.
Une personne mineure a deux possibilités :
- être accompagnée d’un parent ou représentant légal qui aura donné son consentement
- ou réaliser l’intervention en secret, accompagnée de la personne majeure de son choix. S’il n’y a pas le consentement parental, elle n’aura aucun frais à avancer.
Une personne mineure non émancipée doit être seule au moment de donner son consentement à l’IVG afin de s’assurer qu’elle n’est pas soumise à des pressions extérieures.
Quels sont les délais pour réaliser une IVG ?
Les délais diffèrent selon la méthode d’avortement.
L’IVG médicamenteuse est pratiquée jusqu’à la fin de la 5ème semaine de grossesse (7 semaines après le premier jour des dernières règles) et jusqu’à la 7ème semaine de grossesse s’il est réalisé en établissement de santé, soit dans un hôpital ou une clinique. Cependant, des mesures exceptionnelles ont été prises pendant la pandémie et depuis le 8 novembre, l’IVG médicamenteuse peut être réalisée jusqu’à la fin de la 7ème semaine de grossesse dans un cabinet de ville. Elle peut également se dérouler en téléconsultation à domicile.
Au-delà de ces délais, on ne pratique plus que l’IVG instrumentale. Celle-ci peut être pratiquée jusqu’à la fin de la 12ème semaine de grossesse (soit 14 semaines après le premier jour des dernières règles).
Où pratiquer son IVG ?
Quelle que soit la méthode choisie, l’avortement peut être réalisé dans un hôpital ou une clinique autorisée. Cependant, les délais sont souvent plus longs.
L’IVG médicamenteuse peut également se faire dans un centre de planification, dans le cabinet d’un·e médecin ou d’un·e sage-femme. L’IVG chirurgicale peut se dérouler dans un centre de santé conventionné.
Lors de son IVG médicamenteuse, Marie a opté pour le planning familial. “À l’hôpital, les délais étaient trop longs par rapport à l’avancée de ma grossesse. Je me suis donc rendue au planning familial, accompagnée de ma maman et de mon conjoint”.
“Quand elle a su que j’étais enceinte, ma belle-mère de l’époque m’a ramené un post-it avec les adresses de tous les plannings familiaux aux alentours, raconte Ombeline, 21 ans. J’ai eu un rendez-vous la semaine d’après car ma grossesse était déjà assez avancée. Le jour du rendez-vous je préférais vivre ça seule, je ne voulais même pas être accompagnée de mon copain de l’époque. Finalement, je l’ai quand même fait venir pour ne pas regretter de vivre ça seule.”
Comment accéder à l’IVG ?
La demande d’avortement doit être formulée auprès d’un·e médecin ou d’un·e sage-femme. L’IVG ne peut être demandée que par la femme enceinte en personne, qu’elle soit majeure ou mineure.
Deux consultations précèdent une IVG :
- la première permet de demander une IVG et de s’informer sur l’intervention et son cadre légal. Un guide est remis à la femme enceinte. Lors de ce premier rendez-vous, le·la professionnel·le de santé propose également un entretien psycho-social à la patiente afin de discuter de son choix et de sa situation. Si la patiente est mineure, cet entretien est obligatoire. À l’issue du rendez-vous, le·la soignant·e délivre une attestation de consultation médicale.
- La deuxième consultation sert à exprimer sa demande et son consentement à l’IVG par écrit et à recevoir la seconde attestation de consultation médicale.
Si une anesthésie générale est prévue pour une IVG chirurgicale, une visite préanesthésique doit être planifiée.
Comment se déroule l’IVG ?
L’IVG médicamenteuse se déroule en deux étapes : un premier médicament, le mifépristone est pris pendant la consultation. Celui-ci va interrompre la grossesse en bloquant la progestérone, l’hormone nécessaire au déroulement de la grossesse. Il est possible, mais peu fréquent, d’avoir des saignements après cette première prise.
Dans les 36 à 48h qui suivent, la patiente ingurgite un second médicament, le misoprostol, à domicile ou à l’hôpital. Celui-ci va déclencher des contractions et saignements vaginaux (durant plusieurs jours) afin d’expulser l’œuf. Si cette seconde prise se fait à domicile, le·la médecin aura prescrit des anti-douleurs à la patiente.
L’IVG chirurgicale se réalise sous anesthésie locale du col de l’utérus ou sous anesthésie générale. L’intervention, qui se déroule dans un bloc opératoire, consiste à dilater le col afin d’introduire un tube en plastique appelé canule dans le vagin et d’aspirer l’œuf implanté au fond de l’utérus. L’hospitalisation dure quelques heures, mais l’intervention en elle-même ne nécessite qu’une dizaine de minutes.
Il est possible d’avoir des contractions utérines après l’IVG instrumentale. Dans ce cas, le·la médecin peut prescrire des antalgiques. En cas de fièvre, de fortes douleurs dans le bas ventre, de malaise ou de saignements abondants, il faut consulter rapidement, idéalement dans l’établissement dans lequel s’est déroulée l’IVG.
Et après ?
Après l’IVG, une consultation psycho-sociale est proposée à la patiente.
Une visite de contrôle a lieu deux semaines après l’intervention afin de confirmer que celle-ci s’est déroulée normalement. Le·la médecin examine la patiente et procède à une échographie ou une prise de sang. Ce rendez-vous permet également d’aborder la conception de la contraception post-IVG. Pour une IVG médicamenteuse, cette visite a lieu entre le 14e et le 21e jour suivant la prise du premier médicament.
Quels risques ?
L’IVG médicamenteuse présente des risques d’infection, d’échec, d’hémorragie et d’effets secondaires liés aux médicaments, tels que des nausées. L’IVG chirurgicale présente également des complications, néanmoins rares. Il existe un risque d’hémorragie et d’échec (bien que très faible), ainsi que les risques liés à l’anesthésie.
“J’ai eu des saignements pendant trois ou quatre jours, et pas de douleurs spécifiques. La seule chose que j’ai remarqué, c’est que je me suis endormie avec les nausées et les symptômes de la grossesse, et quand ils m’ont réveillée je n’avais plus rien, même si j’avais encore des hormones de grossesse dans le corps”, se souvient Ombeline.
L’IVG sur le plan psychologique
Au-delà de séquelles physiques, l’avortement peut surtout avoir un impact sur le plan psychologique à court et moyen terme. “Après mon IVG, j’ai été en arrêt pendant trois mois, sous antidépresseurs et anxiolytiques car je ne souhaitais pas vraiment d’IVG, mais c’était la meilleure décision à prendre compte tenu de ma situation de l’époque. Je n’ai jamais vraiment fait mon deuil, mais j’arrive désormais à en parler avec beaucoup plus de légèreté” ajoute Ombeline, désormais maman d’un petit garçon.
Pour Marie aussi, c’est surtout l’aspect psychologique qui a été compliqué à gérer. “Physiquement, tout est revenu à la normale, mes seins ont dégonflé, j’ai retrouvé un ventre souple, les douleurs mammaires ont disparu. Mais psychologiquement, cela a été très compliqué d’accepter ce qui venait de se passer. Je ne me suis pas faite aider par un·e professionnel·le, mais j’aurais dû. J’ai essayé de me libérer moi-même de mes peurs, avec l’aide de mes proches, mais cela n’a pas été simple”.
Combien ça coûte ?
Le coût d’une IVG est fixé selon un forfait qui dépend de la méthode choisie et du lieu dans lequel elle est réalisée. Peu importe la méthode d’IVG choisie, l’avortement est entièrement pris en charge par l’assurance maladie.
Dans certains cas particuliers (mineures non émancipées sans contrôle parental, bénéficiaire de la Complémentaire santé solidarité…) aucune avance de frais n’est demandée.
Où se renseigner ?
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du Ministère des Solidarités et de la Santé, sur le guide de l’IVG réalisé par le Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, ou appelez le numéro vert, gratuit et anonyme consacré à l’interruption volontaire de grossesse : 0800 08 11 11.
FAQ : tout savoir sur l’IVG
Quand reviennent les règles après une IVG ?
Les règles peuvent revenir un mois après l’IVG, le temps qu’un nouveau cycle débute. Cependant, des saignements vaginaux, qui ne sont pas des menstruations, surviennent généralement durant les dix jours qui suivent l’IVG.
Qu’est-ce que la clause de conscience liée à l’IVG ?
“La clause de conscience, c’est […] le droit de refuser la réalisation d’un acte médical pourtant autorisé par la loi mais que [le·la médecin] estimerait contraire à ses propres convictions personnelles, professionnelles ou éthiques”, explique le Conseil national de l’ordre des médecins. Il existe ainsi une clause de conscience spécifique à l’IVG, qu’un·e médecin peut invoquer s’il·elle refuse de pratiquer l’IVG. Dans ce cas, il·elle doit en avertir la patiente le plus tôt possible.
Combien de temps restent les hormones de grossesse après une IVG ?
Les hormones liées à la grossesse mettent entre 3 à 4 semaines à disparaître.
Une IVG médicamenteuse entraîne-t-elle des douleurs ?
L’IVG médicamenteuse peut causer des saignements vaginaux et des contractions c’est la raison pour laquelle sont prescrits des antalgiques à prendre en même temps que le second médicament (misoprostol). Si les douleurs sont trop importantes, il est nécessaire de contacter sa·son médecin.
Peut-on avoir des rapports après une IVG ?
Après une IVG chirurgicale, il est conseillé d’éviter les rapports sexuels avec pénétration durant les dix jours qui suivent. Les tampons, douches vaginales* et bains (de mer y compris) sont également déconseillés.
*Les douches vaginales ne sont de toute façon pas une pratique à adopter : le vagin est auto-nettoyant.
Je n’arrive pas à me décider concernant l’IVG, que faire ?
Faire le choix de l’IVG n’est pas toujours évident. Cette décision doit prendre le temps d’être réfléchie selon la situation et les envies de la personne, et il est important de pouvoir en discuter avec ses proches. Votre médecin, votre gynécologue ou sage femme pourront vous informer sur les différentes options possibles et le déroulement de l’IVG et vous aider à prendre la meilleure décision pour vous, sans vous influencer : l’IVG est avant tout un choix personnel. Une consultation avec un·e psychologue peut également s’avérer nécessaire avant de prendre une décision, quelle qu’elle soit.
En situation d’isolement ou simplement par souhait de parler avec des spécialistes, le service Ecoute IVG a mis en place un numéro anonyme (prix d’un appel local) auquel des professionnels et bénévoles répondent tous les jours de 9h à 22h. Il est possible de les joindre au 01 71 06 34 84 ou par mail à l’adresse contact@ecouteivg.org.
Y a-t-il un suivi psychologique suite à une IVG ?
Une consultation psycho-sociale est proposée à la suite d’une IVG. Cela permet à la patiente de discuter de sa situation. Si la patiente le désire, elle peut prendre contact avec un·e psychologue pour se faire accompagner durant cette étape de sa vie.
Est-il possible de tomber enceinte après une IVG ?
Dès lors que l’ovulation reprend, il est possible de tomber enceinte. Il est donc important de discuter de la question de la contraception avec le·la médecin.
Une IVG peut-elle être faite anonymement ?
Une IVG peut être réalisée dans le secret médical si la patiente le désire. Si elle est mineure, elle devra être accompagnée d’une personne majeure de son choix.