Prendre la pilule quand on consomme régulièrement du tabac peut comporter de graves risques, en tout cas sous certaines conditions. Voici des explications accompagnées de quelques solutions si vous êtes directement concerné·e.
C’est avéré : fumer comporte des risques. Selon les chiffres de 2015, il s’agit de la première cause de mortalité évitable en France, avec environ 75 000 décès soit 13% du nombre total des décès survenus cette année-là.
Le tabac peut causer de nombreux soucis de santé, y compris gynécologiques. Il multiplie par exemple par 2 les risques de cancer du col de l’utérus…
Par ailleurs, le fait de fumer est une information importante à prendre en compte pour choisir sa contraception, surtout si vous souhaitez prendre la pilule.
Quels sont les risques de la pilule couplée au tabac ?
Avant toute chose, il existe deux familles de pilules : les œstroprogestatives et les microprogestatives. Ces dernières sont compatibles avec la consommation de tabac.
En revanche, les pilules œstroprogestatives sont à risque chez les personnes fumeuses. Prises tout en consommant des cigarettes, elles peuvent être à l’origine d’embolies pulmonaires, d’AVC ou d’infarctus.
Pour autant, si vous vous rendez compte à la lecture de cet article que votre pilule n’est pas adaptée à votre consommation de tabac, la sage-femme Hélène Rialland se veut rassurante :
« Le risque est surtout majoré dans la première année d’utilisation. Ceci dit, ça vaut le coup de prendre rendez-vous pour changer de contraception. »
Pourquoi pilule et tabac font-ils mauvais ménage ?
Si on veut être précis, le problème n’est pas exactement dans le croisement de la pilule et du tabac tout court.
Pour que le risque augmente, il faut la combinaison des trois éléments suivant :
- L’éthinylestradiol — un dérivé des œstrogènes présent dans certains contraceptifs comme les pilules œstroprogestatives, le patch et l’anneau contraceptif
- La consommation de tabac
- Un facteur aggravant (comme l’âge du/de la patient·e, ou encore une consommation excessive de tabac).
Fumer fragilise les vaisseaux sanguins, l’éthinylestradiol tend à épaissir le sang…
Passé 35 ans, le corps se fragilise, ce qui augmente le risque de formation d’un caillot de sang, et donc de possibles embolies pulmonaires, d’AVC ou d’infarctus.
Si je fume occasionnellement, est-ce dangereux d’être sous pilule ?
Les fumeuses·eurs les plus concerné·e·s par ces risques sont celleux de plus de 35 ans, qui fument depuis plus de 20 ans ou plus de 15 cigarettes par jour. En dessous de ces critères, H. Rialland tempère :
« Le fait de fumer quelques cigarettes par-ci par-là n’augmente pas le risque de thrombose. Il vaut mieux ne pas fumer du tout, mais si on est jeune, pas en surpoids, et qu’on fume de temps à autre, on peut prendre une pilule classique si c’est ce dont on a envie. »
En clair, il n’est pas particulièrement dangereux de consommer quelques cigarettes lors d’une soirée si vous êtes sous pilule oestroprogestative… tant que votre consommation se limite à ça.
Je fume, quelles contraceptions me sont conseillées ?
Si vous consommez régulièrement du tabac et que vous souhaitez continuer à prendre la pilule, une pilule de type microprogestative est l’option la plus simple.
H. Rialland explique que cette dernière semble éviter les effets secondaires les plus graves, mais a comme défaut d’être souvent moins tolérée au quotidien (avec des risques de saignements irréguliers ou de l’acné par exemple).
Sinon, de nombreuses autres alternatives existent : l’implant contraceptif par exemple (qui ne fonctionne qu’avec de la progestérone), ou bien le DIU — qu’il soit en cuivre ou hormonal.
Rappelons d’ailleurs que le préservatif est un contraceptif efficace, sans effet secondaire, qui peut être utilisé sur le long terme et a l’avantage de protéger également contre les maladies sexuellement transmissibles.
La prise de tabac pendant la grossesse…
Si vous êtes une personne qui fume beaucoup et que vous tombez enceinte, arrêtez d’un coup la cigarette n’est pas forcément la meilleure option. Cela risque de générer un grand stress très déstabilisant. Interrogée sur la question, la sage femme H. Rialland conseille de consulter un·e spécialiste :
« Quand on continue à fumer pendant la grossesse, le principal risque est un retard de croissance, et aussi de prématurité. Je conseille de se faire aider par un addictologue ou tabacologue pour essayer de diminuer. Une diminution même minime peut toujours être bénéfique. »
Fumer peut abîmer la santé, mais le tabac est avant tout une addiction dont il est difficile de se débarrasser. Alors en attendant, le mieux reste de faire les meilleurs choix pour préserver sa santé.