« Quand mon premier copain a voulu me pénétrer, je me suis rendu compte que ça bloquait. J’avais hyper mal et lui me disait que c’était comme s’il entrait dans un mur. »
C’est avec ces mots que Sara raconte sa première fois. Elle pense tout d’abord avoir une malformation et décide de consulter. C’est là que sa gynécologue lui annonce le diagnostic : elle souffre de vaginisme.
Le vaginisme est une pathologie qui touche des milliers de femmes, mais qui peut heureusement s’atténuer voir totalement disparaître.
Le vaginisme : définition et symptômes
Le vaginisme se caractérise par un réflexe musculaire involontaire des muscles qui entourent l’entrée du vagin. Concrètement, les muscles se crispent à l’approche d’un objet (que ce soit un doigt, un tampon ou un pénis), ce qui rend la pénétration impossible ou bien très douloureuse.
Cependant comme l’explique la gynécologue Danielle Gaudry, pour poser un diagnostic, il faut vérifier si cette pénétration impossible n’est pas liée à un autre problème :
« Un hymen extrêmement résistant, ou encore peu perforé, va rendre les premières pénétrations impossibles. Il faut également arriver à déterminer si ce n’est pas simplement de la sécheresse vaginale qui empêche le rapport, je pense notamment aux femmes ménopausées. Ces cas ne sont pas liés au vaginisme, qui je le rappelle est une contraction des muscles du vagin. »
Il reste important de noter que le vaginisme n’est jamais dû à un problème anatomique. Son origine est psychologique.
Les causes du vaginisme primaire et du vaginisme secondaire
Deux types de vaginisme existent. Le vaginisme primaire qui est là depuis toujours. C’est-à-dire que la pénétration n’a jamais été possible pour les personnes touchées.
Le vaginisme secondaire arrive plus tard dans la vie, souvent suite à un événement traumatisant. La gynécologue Danielle Gaudry cite alors la possibilité d’un vaginisme suite à une agression sexuelle, ou bien après une période d’infections à répétition ou encore dans de rare cas, suite à un accouchement qui s’est mal passé.
Sara, qui a eu un vaginisme primaire, témoigne :
« Je viens d’une culture assez conservatrice sur le sujet de la sexualité, où on répète qu’une fille doit rester “pure”. Quand j’ai embrassé mon premier copain, ce fut un grand conflit entre l’image que j’avais auprès de mon entourage, le manque de confiance en moi et cette envie culpabilisante d’être comme tout le monde.
Un autre élément de grande importance fut mon rapport avec mon appareil génital. J’ai eu des règles précoces et douloureuses, et en grandissant, tout ce qui était en lien avec mon vagin me faisait peur et me dégoûtait presque. »
Heureusement, des solutions existent pour celles qui souhaitent en finir avec leur vaginisme.
Les solutions pour soigner le vaginisme
Les personnes touchées par le vaginisme ne sont pas condamnées à vivre avec pour toujours. Une rééducation est possible, avec le suivi d’un sexologue et/ou d’un gynécologue.
Dr Gaudry explique qu’il s’agit en général plutôt d’un auto-traitement. Effectivement, il existe un risque que le vaginisme se renforce si quelqu’un d’autre s’approche du vagin.
On prescrit alors des crèmes lubrifiantes à la patiente et on lui propose de commencer par passer son doigt au niveau de l’ouverture de son vagin. Petit à petit, grâce à des exercices de relaxation, elle devra s’insérer au niveau vaginal ce que l’on appelle des bougies. Cela ressemble à des sextoys ayant des tailles progressives.
Une autre alternative existe, même si elle reste très rare et méconnue : l’injection de Botox dans le vagin. Effectivement, son effet est d’affaiblir la force musculaire. Il empêche les muscles de se contracter et permet donc une pénétration non douloureuse pendant 4 mois. Si dans ce laps de temps, les patientes ont des rapports sexuels, elles sont en théorie soignées car n’auront plus d’appréhension à ce sujet. Les témoignages restent cependant rare à ce sujet.
Dans tous les cas, il est conseillé d’avoir un accompagnement psycho-sexuel. L’hypnose ou encore une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) peuvent aider les femmes touchées vers la guérison du vaginisme.
Sortir du vaginisme, un long combat
Malheureusement, même si ces solutions existent, elles ne suffisent pas toujours, comme l’explique Dr Gaudry :
« Cela peut donner de bons résultats, mais la femme doit être très motivée, parce que c’est elle qui va déterminer le moment où elle va, si je puis dire, lâcher prise. Donc si elle n’en ressent pas réellement le besoin, elle risque de ne pas aller jusqu’au bout de cette rééducation. Certaines femmes n’ont pas spécialement envie de subir ou vivre une pénétration. D’ailleurs, tant qu’elles estiment que ça va être subit, ça ne va pas fonctionner. »
Pour Sara, la fin a été heureuse. Après cinq années d’errance, elle a demandé à son gynécologue qu’il lui fasse une échographie vaginale, déterminée à trouver ce qui posait problème. Elle a vécu cette expérience comme un déclic.
« Le médecin y est allé tout doucement et, finalement, c’est entré sans douleur. Il m’a dit que tout était parfait et je me suis sentie très rassurée et surtout épanouie et fière. Je me sentais débarrassée d’un gros problème. J’avais 29 ans et deux mois plus tard, j’ai eu une relation sexuelle avec pénétration, la première de ma vie, et tout s’est bien passé. »
Sara ajoute ensuite :
« Ce qui m’a le plus frappé pendant toutes ces années où la pénétration était impossible, c’est que j’ai vécu dans plusieurs pays et aucun des garçons que j’ai rencontré, peu importe sa culture et provenance, ne connaissait le vaginisme.
J’ai envie de parler de cette pathologie aux femmes, mais aussi à leur partenaire ! »
Si soigner le vaginisme peut être un long chemin semé d’embûches, sensibiliser à ce sujet est déjà un tout petit début.