Papillomavirus et cancer du col de l’utérus sont souvent liés dans l’imaginaire collectif. On sait moins que cette IST est la plus courante en France, est dans la majorité des cas asymptomatiques et peut être à l’origine d’autres cancers comme celui de la bouche…
Définition du papillomavirus / HPV
Le papillomavirus, appelé également HPV pour Human PapillomaVirus, est une IST (Infection Sexuellement Transmissible). Plus de 200 formes de ce virus ont été identifiées, dont 12 désignées comme étant à “haut risque ou potentiellement oncogènes”, c’est-à-dire potentiellement cancérigènes.
Concrètement, il est à l’origine de condylomes, des petites verrues, qui peuvent par la suite se transformer selon leur localisation en cancer du col de l’utérus, ou, entre autres, en cancer de la bouche.
Heureusement, dans 90% des cas, l’organisme élimine le virus de lui-même en moins de deux ans… Le papillomavirus peut tout à fait passer inaperçu, n’ayant souvent aucun symptôme apparent !
Qui est concerné par le papillomavirus ?
Toutes les personnes actives sexuellement sont concernées par le papillomavirus pour une raison simple : c’est l’IST la plus fréquente en France.
On estime qu’environ 70% des personnes actives sexuellement auront un jour un contact avec ce virus, quelle que soit leur orientation sexuelle.
Les personnes hétérosexuelles, homosexuelles, bisexuelles ou autres sont donc toutes concernées, quel que soit leur genre (homme, femme ou autre). En dehors de l’abstinence et des gens vaccinés, personne n’est à l’abri de contracter le papillomavirus.
Transmission du papillomavirus
Le papillomavirus se transmet par voie sexuelle, même avec un préservatif. Hélène Rialland, sage-femme, précise :
« Le papillomavirus est vraiment très contagieux. Le préservatif limite un petit peu le passage, mais ne protège pas de façon suffisante… En revanche, il reste important pour éviter les autres IST, MST, ainsi qu’une grossesse non-désirée ! »
La transmission peut se faire lors d’une pénétration vaginale, anale, ou encore orale. Hélène Rialland explique que le papillomavirus peut également se déposer sur les doigts, et se transmettre comme cela sur une autre partie génitale ou dans la bouche.
Ceci étant dit, même s’il est très commun de rencontrer le papillomavirus au cours de sa vie, la transmission reste, dans de nombreux cas, inaperçue.
Dépistage et symptômes du papillomavirus
La plupart du temps, le papillomavirus n’a aucun symptôme et se découvre par hasard lors d’un frottis de dépistage que l’on conseille de réaliser à partir de 25 ans, puis tous les trois ans.
Comme le papillomavirus peut toujours s’éliminer seul, le frottis permet surtout d’alerter sur la présence de ce virus afin de suivre son évolution… Ou sa disparition !
Dans des cas plus rares, il arrive que le HPV se déclare avant un frottis. En symptôme, on peut alors noter l’apparition de condylomes, c’est-à-dire des verrues, au niveau génital.
Pour des cas plus graves, les symptômes peuvent être des saignements et des pertes.
Si vous constatez une anomalie, n’hésitez pas à consulter un·e professionnel·le de santé.
Quelles sont les conséquences du papillomavirus ?
Effectuer un frottis de dépistage régulièrement est essentiel pour se prémunir de conséquences dramatiques. Hélène Rialland l’explique simplement :
« Quand le papillomavirus n’est pas éliminé par l’organisme, les lésions qu’il crée évoluent très lentement. Il faut attendre entre deux et cinq ans pour commencer à avoir des cellules anormales, et encore quelques années avant que ça se transforme en cancer. »
Le plus souvent, le papillomavirus n’a pas ou peu de conséquences, et peut passer totalement inaperçu.
Il arrive cependant que des condylomes (petites verrues) apparaissent, nécessitant un traitement qui peut être désagréable voire douloureux.
Par ailleurs, même si ce n’est heureusement pas la conséquence la plus fréquente, un papillomavirus peut causer un cancer…
Papillomavirus = cancer ?
La plupart des formes de papillomavirus sont sans gravité et ne provoquent donc pas de cancer. Ceci dit, comme vu plus haut, une minorité de type de papillomavirus peut en causer.
En 2015, on estimait à 6300 le nombre de nouveaux cas de cancers annuels dus à cette infection en France. Ils peuvent se développer au niveau de la vulve, du vagin, du col de l’utérus, de l’anus, du pénis, mais aussi de la bouche et de la gorge.
Parmi ceux-là, le cancer du col de l’utérus est le plus fréquent, représentant la moitié des cas, suivi par les cancers de la bouche et de la gorge.
En dehors du frottis, aucun autre dépistage de routine n’est proposé pour dépister les autres cancers causés par le papillomavirus. Hélène Rialland explique :
« On ne se dit pas ‘’on va chercher le papillomavirus dans la gorge” parce qu’en soit il n’y a rien à faire, et qu’on peut en avoir de façon transitoire sans que ça provoque un cancer. Rappelons encore une fois qu’on peut avoir été en contact avec le papillomavirus et ne pas le conserver. »
Quel traitement contre le papillomavirus ?
Il n’existe pas de traitement permettant d’éliminer l’infection au papillomavirus, en revanche, on peut soigner les conséquences.
Le plus généralement, il faut donc traiter des condylomes, c’est-à-dire les verrues médicales. Si ces dernières sont situées sur une zone accessible et externe, comme la vulve, elles peuvent être brûlées par un·e médecin avec de l’azote liquide. Une crème peut également être prescrite.
Dans le cas où ces condylomes se situent à l’intérieur du vagin ou sur le col de l’utérus, le·la médecin va brûler le condylome via un laser ou par un système nommé électrocoagulation.
Un suivi gynécologique est alors nécessaire pour s’assurer que les condylomes ne reviennent pas.
Enfin, si le papillomavirus cause un cancer, le suivi médical sera évidemment bien plus important et les traitements en conséquence.
Le vaccin contre le cancer du col de l’utérus
S’il n’est pas possible de soigner réellement le papillomavirus, il existe un vaccin pouvant éviter de le contracter.
En France, il est pour l’instant surtout recommandé aux jeunes filles. L’idée est de le réaliser avant le début de la vie sexuelle, de préférence entre 11 et 14 ans, même s’il reste possible de le faire jusqu’à 19 ans. Dans d’autres pays, le vaccin est également prescrit aux garçons, car ils peuvent être des porteurs asymptomatiques de cette infection.
Ce vaccin ne protège pas contre tous les types de papillomavirus liés au cancer du col de l’utérus mais évite les formes les plus courantes.
Pour cette raison, même vacciné·e, vous devez continuer le dépistage par frottis, tous les trois ans à partir de 25 ans.
FAQ : tout savoir sur le papillomavirus
Le papillomavirus est-il une MST ?
Pas exactement. Le papillomavirus n’est pas une MST (Maladie Sexuellement Transmissible) mais une IST, c’est-à-dire une Infection Sexuellement Transmissible.
Le papillomavirus s’attrape-t-il facilement ?
Le papillomavirus est extrêmement transmissible, donc oui, il s’attrape facilement, même lors d’un rapport protégé d’un préservatif. Heureusement, dans une majorité des cas, cela reste une infection bénigne.
Une transmission du papillomavirus est-elle possible aux toilettes ?
Interrogée sur la question, la sage-femme Hélène Rialland explique que c’est un scénario très peu probable… Mis à part si quelqu’un s’est frotté avec son papillomavirus sur la cuvette et qu’on s’assoit pile à cet endroit précis.
La fatigue est-elle un symptôme du papillomavirus ?
Non, la fatigue n’est pas un symptôme du papillomavirus. Ce dernier est le plus souvent asymptomatique.
Le papillomavirus est-il le signe d’une infidélité ?
Pas forcément ! Hélène Rialland, sage-femme, explique qu’il est possible d’être porteur ou porteuse de cette infection depuis des années, et de le déclarer donc bien après l’avoir contracté.
À quel âge peut-on faire le vaccin contre le papillomavirus ?
En France, il est conseillé aux jeunes filles de se faire vacciner entre 11 et 14 ans, mais il reste possible de le faire jusqu’à leur 19 ans. Il est recommandé aux hommes ayant des relations homosexuelles de se faire vacciner avant leur 26 ans. Ça ne se passe pas partout pareil : dans d’autres pays du monde, tou·te·s les jeunes adolescent·e·s, quel que soit leur genre, doivent se faire vacciner.
Le vaccin contre le papillomavirus est-il dangereux ?
Non. Il arrive fréquemment qu’il cause une légère douleur ou rougeur, ou qu’il provoque de la fièvre, mais les réactions allergiques sont très rares (1 cas sur 450 000 vaccinés).
L’OMS a publié un article en 2013 soulignant qu’il n’y a à ce jour aucun risque accru de développer une maladie auto-immune, y compris de sclérose en plaques, suite à ce vaccin. En ce qui concerne les risques d’AVC, aucun lien n’a pu être fait entre le vaccin et ce risque.
Une personne atteinte du papillomavirus peut-elle avoir des rapports sexuels ?
Oui, elle peut avoir des rapports sans souci. En revanche, il faut penser à se faire suivre pour s’assurer que son papillomavirus n’évolue pas.
Que doit faire une personne enceinte atteinte du papillomavirus ?
Hélène Rialland, sage-femme, explique qu’aucun suivi particulier n’est à prévoir pour une femme enceinte déjà atteinte du papillomavirus. Si vous découvrez cette infection pendant la grossesse, consultez votre médecin qui saura vous conseiller sur la suite.