Après l’accouchement, le cap du post partum

Début 2020, le hashtag #MonPostPartum sur les réseaux sociaux brisait l’image fantasmée de la jeune mère qui nage dans le bonheur avec son nouveau-né. Le quotidien des jeunes mamans après l’accouchement, ça peut aussi être un rétablissement lent et difficile, fait de couches pour adultes, de vergetures et d’hormones en chute libre. Une période à laquelle de nombreuses femmes se retrouvent confrontées, sans y être parfois suffisamment préparées.

Le post partum, c’est quoi ? 

Le post partum, c’est cette période entre l’accouchement et le retour des règles. Avec la fin de la grossesse et l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille, la maman vit un tas de bouleversements physiques et psychiques dont on parle encore trop peu. La durée du post partum varie d’une femme à l’autre, mais certain·e·s en parlent comme du “quatrième trimestre”. Il peut ainsi durer entre six semaines à plusieurs mois, voire même une année ou ou deux.

Les changements physiologiques

Après l’accouchement, l’organisme est sujet à de nombreux changements. L’utérus, le vagin et le périnée récupèrent doucement leur forme initiale, et cicatrisent en cas de lésion ou d’épisiotomie. Des pertes de sang parfois abondantes appelées “lochies” et issues de l’utérus peuvent durer plusieurs semaines.

Côté poitrine, le colostrum, c’est-à-dire le premier lait maternel, commence à s’écouler des seins dans les jours qui suivent l’accouchement.

Alors que le corps a sécrété des oestrogènes et de la progestérone durant neuf mois, cette production d’hormones chute après l’accouchement. La prolactine, une hormone qui joue un rôle dans la lactation et la croissance, et qui est stimulée par l’allaitement, prend alors le relais.

Les changements physiques

Contrairement à ce que l’on voit dans les films, le ventre ne redevient pas plat immédiatement après l’accouchement. La peau du ventre, plus lâche, peut laisser voir des vergetures, et met un certain temps avant de regagner en élasticité.

Des contractions utérines peuvent continuer d’apparaître après l’accouchement : c’est ce qu’on appelle “les tranchées”. Ces douleurs signifient que l’utérus reprend lentement sa taille et sa forme d’avant la grossesse. 

Le périnée, moins tonique, peut occasionner des fuites urinaires. Une incontinence anale, souvent passagère peut également s’observer, surtout si des forceps ont été utilisés pendant l’accouchement. De façon générale, aller aux toilettes est plus douloureux et peut occasionner des brûlures, notamment à cause de la cicatrisation du périnée, d’une déchirure ou d’hémorroïdes.

La sexualité est également perturbée : la libido peut baisser, tandis que les rapports peuvent être plus douloureux, surtout si des tissus cicatrisent.

J’ai la peau du ventre moins ferme, j’ai pris du poids et je perds mes cheveux… Encore un an après, c’est dur à accepter. Je pense que je ne retrouverai jamais mon corps d’avant” confie Morgane, 22 ans. 

L’état psychologique

Entre la chute des hormones de la grossesse et la fatigue induite par l’arrivée du bébé, le moral est mis à rude épreuve. Irritabilité, anxiété, sautes d’humeur… Le baby blues, qui peut apparaître dans les jours qui suivent l’accouchement, peut durer deux semaines. Si ces symptômes psychologiques persistent au-delà de cette période, on parle de dépression post-partum.

Le quotidien, chamboulé par les nuits du bébé, les couches et l’allaitement, est aussi une source de stress, de fatigue, et potentiellement d’angoisse. Et parfois, il y a l’inquiétude de ne pas ressentir cet amour inconditionnel pour son bébé, et “l’instinct maternel” dont tout le monde parle. “J’avais peur de me retrouver seule avec mon bébé, je voulais qu’il dorme toute la journée, je pleurais jour et nuit et je me demandais si j’avais fait le bon choix. Treize mois après, je sais que oui. Mais il m’a fallu ce temps pour me sentir épanouie dans ce rôle de maman” raconte Morgane.

Charlotte, 34 ans, s’est quant à elle sentie très seule lorsqu’elle a eu son premier enfant et que le papa a entamé une formation au même moment. “J’étais terrorisée par mes nouvelles responsabilités et encore sous le choc de mon accouchement assez violent.” Comme Morgane, elle non plus n’a pas été submergée par cette vague d’amour après son accouchement. “On m’a vendu un amour inconditionnel et immédiat, alors que je n’ai strictement rien ressenti hormis le soulagement de la douleur. On n’est pas préparées au fait qu’une relation avec son enfant, comme n’importe quelle autre relation, ça se construit”.

Dans un premier temps, Charlotte n’a pas osé se confier à sa famille de crainte d’être jugée, et a trouvé du réconfort auprès d’amies et dans des groupes Facebook. Un an et demi plus tard, elle en parle ouvertement et est suivie par une psychologue.

Comment mieux vivre son post-partum ?

Durant cette étape, il est important que la jeune maman se sente entourée, aidée et accompagnée. Le second parent a ainsi un rôle très important à jouer, avec le bébé évidemment, mais aussi avec la maman qui est alors en convalescence. 

Il existe notamment un programme d’accompagnement de retour à domicile, le PRADO, proposé par l’Assurance Maladie, et qui permet à la mère de bénéficier du suivi d’une sage-femme à domicile  au moment de quitter la maternité.

Il est possible de bénéficier de deux consultations de suivi post-natal avec un·e sage-femme entièrement prises en charge, dont la première intervient après six semaines.

Pour Nadia, sage-femme libérale, le suivi par une sage-femme reste essentiel, tout comme celui d’autres professionnels de santé – pédiatre, gynécologie, psychologue… – si le besoin s’en fait ressentir. 

La récupération physiologique du corps peut prendre plus ou moins de temps selon les femmes, prévient-elle. Cela dépend des possibilités de repos, de l’aide et de la bienveillance de l’entourage, mais aussi du déroulement de l’accouchement et de la grossesse”

Selon la professionnelle, la présence de l’entourage est primordiale : “Il faut être informé·e sur le post partum et le baby blues avant la naissance pour mieux s’y préparer et adapter son environnement. Il est nécessaire de s’entourer de personnes bienveillantes, prêtes à aider la maman, à l’écouter et à la laisser se reposer dès qu’elle en ressent le besoin.” De cette façon, la mère dispose de plus de temps pour s’occuper de son corps, de son état mental, et bien sûr, de son bébé avec qui elle doit apprendre à tisser de nouveaux liens.

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