« Non mais t’as tes règles ou quoi ? » — Cette phrase, toutes les personnes menstruées ou presque l’ont déjà entendue. Pour autant, il serait simpliste de résumer l’humeur d’une personne à ses cycles hormonaux… Explications et conseils d’une gynéco et d’une coach.
Mon cycle hormonal influe-t-il vraiment sur mes émotions ?
Non, ce n’est pas un fantasme : le cycle hormonal peut bien influencer nos émotions et notre manière de percevoir le monde. Pour autant, pas de panique à avoir, l’influence n’est pas que négative. Au contraire, les hormones peuvent nous encourager à créer et à être positif·ve·s à certains moments du cycle !
Par ailleurs, nous avons tous et toutes des réactions différentes face à ces fluctuations : certaines personnes peuvent ne rien ressentir de particulier quand d’autres vivent de véritables épisodes dépressifs sévères à l’approche de leurs règles.
Notons également que ces considérations doivent être faites en dehors de l’utilisation de contraceptions hormonales, car elles peuvent également avoir des conséquences sur l’humeur et faussent le cycle.
Comment mon cycle menstruel influence-t-il mes émotions ?
Si l’humeur peut être changeante en fonction du moment du cycle menstruel, c’est parce que ces réactions sont liées aux fluctuations d’hormones.
Tout d’abord, reprenons les bases : chaque cycle menstruel dure entre 23 et 35 jours en moyenne, et on considère que le premier jour du cycle est le premier jour des règles.
Durant les règles, le taux d’œstrogènes ainsi que celui de progestérones restent plutôt bas.
Vient ensuite la phase folliculaire, au cours de laquelle le corps se prépare à l’ovulation. Les ovaires produisent alors des œstrogènes en quantités importantes, ce qui peut avoir pour conséquence une meilleure humeur (nous reviendrons plus précisément dessus ensuite).
Puis c’est le tour de l’ovulation, le moment où la quantité d’œstrogènes atteint son pic.
Enfin, c’est la phase “post ovulatoire”, où la quantité d’œstrogènes baisse et le taux de progestérone augmente avant de baisser soudainement, provoquant un bouleversement émotionnel : c’est le fameux syndrome prémenstruel.
Comprendre son cycle permet de diminuer ce que la coach Gaëlle Baldassari, autrice du livre Kiffe ton cycle, appelle le stress menstruel.
Il s’agit du conflit qui se crée entre les émotions souhaitées et le ressenti réel intérieur. Effectivement, le fait de ne pas accepter les différentes phases du cycle, et notamment de paniquer à l’arrivée de la période prémenstruelle provoque une lutte interne, qui peut aggraver la situation.
Les quatre phases émotionnelles du cycle menstruel… vues par une coach !
Aider à mieux vivre les émotions conséquentes à notre cycle menstruel, c’est donc le travail de Gaëlle Baldassari. Ces mouvements d’hormones dont nous avons parlé précédemment, elle aime les décrire comme des vagues…
« L’énergie de cette vague nous pouvons la subir (et peut-être boire la tasse chaque mois) ou la surfer pour l’utiliser à notre profit. »
Durant la première phase, c’est-à-dire les règles, elle conseille alors de ralentir : les émotions sont plus apaisées que durant la phase prémenstruelle qui précède, mais la tristesse peut être présente. Le mieux reste donc de se chouchouter et de prendre du temps pour soi.
Après les règles, une remontée d’énergie arrive, que Gaëlle Baldassari compare à la prise d’élan en surf. C’est le moment de se lancer, car beaucoup se sentent alors plus fort·e·s et confiant·e·s.
La troisième phase apparaît autour de l’ovulation :
« En surf, nous sommes debout sur notre planche car c’est la période où nous rayonnons. Les émotions présentes dans cette phase sont l’empathie et l’amour. Certain·e·s peuvent aussi se sentir tendu·e·s… En réalité c’est très personnel et cela peut changer à chaque cycle. »
Enfin, vient la période prémenstruelle qu’elle compare à un tube de la vague : flippant mais intéressant. Beaucoup ressentent alors de la colère et de l’agacement, mais pour certain·e·s également de la créativité car l’ennui des autres peut permettre de se replier sur ses envies personnelles et de se faire kiffer sans avoir besoin des autres.
Encore une fois, tous les corps sont différents. Connaître ces quatre phases permet de mieux appréhender son cycle et ses réactions, même si elles ne rentrent pas forcément dans des cases (et c’est la vie !).
Comment mieux vivre les émotions liées à son cycle menstruel
Le premier conseil de la gynécologue Laura Berlingo pour mieux vivre ses cycles est avant tout d’en prendre note dans un agenda ou une application : faire une météo quotidienne de son humeur tout en cochant les jours de règles est un bon départ. Quand on s’aperçoit que les choses se répètent, c’est plus facile de faire avec.
« Comprendre que ça va arriver, et pourquoi tu te sens comme ça aide énormément à se dire que ça va passer, que ça ira mieux rapidement, ainsi qu’à prendre du temps pour soi en attendant. »
Du côté de la coach Gaëlle Baldassari, les conseils se portent également sur l’écoute quotidienne de son corps.
« Les émotions sont des messages de notre corps pour nous indiquer ce qu’il se passe. La première chose est de les écouter vraiment. La colère par exemple est l’émotion de l’intégrité (physique et psychologique). On peut l’accueillir comme une révolte envers les choses de la vie qui ne nous conviennent pas. »
La coach propose alors d’écrire ce qui nous vient dans la tête, afin de vider sur un papier ce qui tourne en boucle. Elle conseille également l’utilisation de TIPI, une méthode de gestion émotionnelle basée sur l’écoute de son corps, qui permet d’identifier nos peurs puis de les supprimer.
Et si je vis trop mal mes émotions pendant mes cycles ?
Toutes les méthodes citées ci-dessus peuvent aider, mais elles ne sont pas pour autant miraculeuses. Laura Berlingo, gynécologue, précise :
« C’est rare, mais certaines femmes ont un syndrome prémenstruel qui commence 2 semaines avant leurs règles. Si elles en souffrent psychologiquement, ce n’est pas quelque chose à minimiser. Il ne faut pas hésiter à consulter, on pourra par exemple proposer des traitements hormonaux qui visent à réguler la situation ou bien rediriger vers des médecines dites parallèles qui peuvent aider. »
Gaëlle Baldassari conseille ainsi, si le déséquilibre persiste, d’aller consulter des naturopathes, practicien·ne·s en médecine traditionnelle chinoise, ou encore de tenter la réflexologie.
« Vivre des fluctuations d’humeur et d’énergie c’est normal… Mais si c’est une galère, il y a des choses à faire pour améliorer la situation. »
Après tout, comme l’a très justement dit une invitée de C’est mon choix en 2017, nous ne sommes pas là pour souffrir.