Les actes médicaux pendant l’accouchement

Au terme d’une grossesse, l’équipe médicale peut décider de recourir à une intervention chirurgicale ou à des instruments d’extraction pour faciliter le déroulement de l’accouchement. Césarienne, épisiotomie, péridurale : on vous explique tout sur ces actes médicaux.

L’anesthésie péridurale

La péridurale est une technique d’anesthésie dont le but est de soulager les douleurs de l’accouchement en court-circuitant la transmission nerveuse. Une injection d’anesthésique au niveau loco-régional permet en effet de couper la communication des douleurs en provenance de l’utérus aux nerfs. On la réalise notamment pour pratiquer une césarienne.

Avant une anesthésie péridurale, une consultation avec un·e médecin anesthésiste est programmée. Un premier anesthésique local vient d’abord engourdir la zone concernée, puis la·le médecin insère l’aiguille et place le cathéter dans l’espace péridural, situé entre la moelle spinale et le canal vertébral, qui protège la moelle épinière. 

L’anesthésie peut diminuer la capacité à pousser pour expulser le bébé et donc favoriser le recours à des instruments tels que le forceps. Ses effets disparaissent dans les heures qui suivent.

La césarienne

Cette intervention chirurgicale consiste à accoucher grâce à une incision horizontale au niveau du bas-ventre, dans la paroi abdominale et l’utérus. La césarienne est pratiquée lorsque l’accouchement par voie basse présente des risques pour la mère ou l’enfant, afin d’extraire le bébé et le placenta.

On y a recours en cas de présentation anormale du bébé, de grossesse multiple, d’infection de la mère par un virus comme le VIH ou d’événement imprévu lors de l’accouchement, comme un décollement du placenta. En France, on estime qu’une femme sur cinq accouche par césarienne.

La cicatrice peut être la source de douleurs et d’inconforts durant les jours qui suivent l’opération. 

Une césarienne n’empêche pas d’accoucher par voie naturelle lors de grossesses éventuelles futures.

L’épisiotomie

L’épisiotomie est une incision du périnée dont le but est de faciliter l’expulsion du bébé, prévenir certains risques et complications, et éviter les déchirures sévères spontanées du périnée. Le plus souvent réalisée sans anesthésie, cette incision s’étend sur 4 à 6 centimètres et peut être médiane (vers l’anus) ou médio-latérale (en biais, en direction de la région ischiatique).

Fait de muscles et de ligaments, le périnée est situé entre le vagin et l’anus, dans la paroi inférieure du pelvis. On en parle comme d’un “hamac” puisqu’il fait le lien entre l’os du pubis et le coccyx et assure un rôle de maintien : c’est notamment à lui que l’on doit la continence urinaire et fécale.

Très répandue jusqu’à récemment, l’épisiotomie a été mise sur le devant de la scène en même temps que la parole sur les violences obstétricales se libérait. Cette incision compte en effet parmi les actes chirurgicaux parfois réalisés de façon abusive et sans le consentement des mères. Selon le Conseil national des gynécologues-obstétricien·ne·s de France (CNGOF), l’épisiotomie “n’est pas recommandée pour réduire le risque de lésions obstétricales du sphincter anal”. Cet acte peut en effet entraîner des complications telles que des troubles pour aller à la selle, des rapports douloureux et des infections du périnée.

En 2010, un rapport de l’Inserm révélait que l’épisiotomie était pratiquée dans 26,8% des accouchements par voie naturelle : la pratique se fait donc plus rare puisqu’en 1998, les professionnel·le·s de de santé y avaient recours dans 55% des cas, et jusqu’à 71,3% lors d’un premier accouchement. On reste encore loin des recommandations de l’OMS, qui préconise de réduire la pratique de cette incision du périnée à moins de 10%.

Le point du mari, quésaco ?

Le point du mari fait partie des conséquences de la pratique abusive de l’épisiotomie. Celui-ci consiste à recoudre une incision du périnée en ajoutant quelques points de suture supplémentaires afin de resserrer le vagin et de rendre les rapports sexuels plus agréables pour l’homme. 

Si le plaisir ressenti n’est absolument pas proportionnel à la taille du vagin, l’existence d’une telle pratique fait débat chez les gynécologues-obstétricien·ne·s alors que des voix s’élèvent pour témoigner, victimes du “point du mari” ou praticien·ne·s de santé…

Mythe ou réalité, toujours est-il que cette crainte est bien réelle, et qu’elle met en lumière les douleurs de l’épisiotomie et des cicatrices qu’elle laisse.

Les instruments médicaux

Lorsque les conditions le nécessitent, l’accoucheur peut décider de recourir à des instruments médicaux, sous anesthésie péridurale. Qu’il s’agisse de forceps, de la ventouse obstétricale ou de spatule, on parle alors d’accouchement “assisté”.

Le forceps

Cet instrument en métal est une pince aux embouts semblables à des cuillères. Il sert à attraper la tête du bébé afin de le guider vers l’entrée du vagin et de l’extraire plus aisément. Une extraction avec forceps s’accompagne souvent d’une épisiotomie.

L’équipe médicale peut décider d’y recourir si l’expulsion du bébé dure trop longtemps, que la femme a des difficultés ou des contre-indications médicales à pousser, ou que le bébé présente un rythme cardiaque anormal.

Les spatules

Les spatules s’apparentent également à deux grandes cuillères, excepté qu’elles se manient séparément. Une fois positionnés, leurs manches servent à écarter les parois vaginales pour dégager de l’espace au fœtus et le guider.

La ventouse obstétricale

Comme le forceps, la ventouse est un instrument d’extraction du fœtus. Une fois insérée dans le vagin, la cupule, en métal ou en silicone, est positionnée le haut du crâne du bébé, auquel elle va adhérer par effet d’aspiration.

La ventouse peut laisser un hématome sur le cuir chevelu du bébé, mais celui-ci s’estompe dans les jours qui suivent.

Zéro intervention médicale, c’est possible ?

Désireuses d’accoucher loin des lumières crues du bloc obstétrical, certaines femmes optent pour un accouchement en salle natureà domicile avec une sage-femme libérale ou dans l’eau, afin de privilégier un environnement plus naturel et moins médicalisé.

Restent également les doulas, des accompagnatrices à la naissance qui apportent un soutien psychologique et physique – mais non médical – à la femme enceinte pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale. Répandu aux États-Unis, l’accompagnement de la doula reste minoritaire en France, mais apporterait plusieurs bénéfices : d’après une étude intitulée The Doula Book, l’aide à la naissance réduit le taux de césariennes, le recours à l’anesthésie péridurale, l’utilisation de forceps et le temps de travail. Cependant, une doula ne se substitue pas au suivi de la·du sage-femme : elle·lui seul·e est en mesure d’accoucher une femme et de gérer de potentielles complications.

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