Adénomyose. Derrière ce nom très compliqué à écrire se cache un diagnostic qui gagnerait à se faire connaître. Effectivement, environ une femme sur dix en serait touchée, pourtant cette pathologie reste encore sous-diagnostiquée.
Définition de l’adénomyose : qu’est-ce que c’est ?
Pour comprendre l’adénomyose, il faut connaître l’anatomie de l’utérus.
L’utérus est tapissé, sur sa paroi interne, de muqueuse utérine. C’est ce qu’on appelle l’endomètre. C’est cette même muqueuse qui s’évacue pendant les règles, provoquant les saignements.
Dans le cas de l’adénomyose, les cellules de l’endomètre ne se mettent non pas seulement sur la paroi mais aussi dans le muscle utérin, aussi appelé myomètre. Cela provoque l’épaississement du myomètre, et donc possiblement des symptômes associés.
Cette anomalie peut être diffuse ou locale, c’est-à-dire présente dans tout le myomètre, ou seulement à certains (plus ou moins) rares points. De même, elle peut être superficielle ou profonde.
Laura Berlingo, gynécologue, précise :
« On peut avoir de l’endométriose sans adénomyose et vice-versa, mais aussi avoir de l’endométriose ET de l’adénomyose. »
Qu’elles sont les causes de l’adénomyose ?
Les causes exactes de l’adénomyose ne sont pas connues.
On sait cependant que l’adénomyose touche principalement les femmes entre 35 et 50 ans. Cette pathologie est également plus fréquente parmi celles ayant eu plusieurs enfants, ou encore ayant un endomètre, c’est-à-dire une muqueuse utérine, très développé.
Il n’est pas prouvé que les chirurgies et césariennes entraînent de l’adénomyose. En revanche, de nombreuses femmes touchées ont eu des placentas présentant des anomalies.
Les différents symptômes de l’adénomyose
Même si dans un tiers des cas, l’adénomyose reste asymptomatique, de nombreux symptômes peuvent y être associés.
Cette pathologie peut provoquer des douleurs pendant les règles (dysménorrhée), des saignements importants pendant les règles (ménorragies) ou des saignements en dehors des règles (métrorragies).
Indirectement, les saignements peuvent provoquer une anémie. Ces mêmes pertes, cumulées à la douleur, peuvent déclencher par ricochet de la fatigue, une baisse de libido ou encore même une dépression.
Sur la question de la fécondité, la gynécologue Laura Berlingo précise :
« Beaucoup de femmes ont de l’adénomyose mais n’ont aucun problème de fertilité. En revanche, c’est vrai que parmi les femmes infertiles, il est fréquent de trouver de l’adénomyose. Dans un bilan de PMA (Procréation Médicalement Assistée) c’est quelque chose que l’on recherche. Il y a aussi plus de fausses couches durant le premier trimestre chez les femmes porteuses d’adénomyose. »
Comment faire le diagnostic de l’adénomyose ?
Après consultation, le diagnostic peut se poser de plusieurs manières. Une échographie permet de voir si l’utérus n’a plus sa forme initiale triangulaire, ou encore si le myomètre semble enflammé ou épaissi.
Il est aussi possible de faire une IRM en deuxième intention si on suppose une endométriose associée.
Laura Berlingo, gynécologue, tempère cependant :
« Il faut écouter les femmes et rechercher l’adénomyose chez celles qui ont des douleurs, des saignements, ou une infertilité.
Il ne faut cependant pas sur-diagnostiquer les femmes qui vont bien. Si on faisait passer une échographie spécialisée ou une IRM à toutes les femmes, on retrouverait régulièrement de l’adénomyose ou bien de l’endométriose chez des femmes qui ne présentent pas de symptômes et qui n’ont pas de désir de grossesse. Il me semble que cela ne sert à rien de savoir que l’on est atteinte dans ces cas, à part provoquer du stress et de l’angoisse à l’idée d’être possiblement infertile, ou bien d’avoir un jour des douleurs/saignements, alors que peut-être pas du tout. »
Soigner l’adénomyose : quels traitements possibles ?
On peut aujourd’hui améliorer les symptômes de l’adénomyose, mais il est impossible de l’annuler avec des traitements médicaux. Seules les patientes symptomatiques sont donc traitées.
Dans un premier temps, afin de soulager les douleurs, on peut proposer à la patiente des antalgiques et anti-inflammatoires. Certaines préféreront se tourner vers des traitements naturels.
En traitement de fond, il est possible de mettre les cellules de l’endomètre au repos, et donc de diminuer fortement ou même arrêter les règles avec des traitements hormonaux comme des progestatifs en continu, des analogues de la GnRH ou encore un stérilet hormonal.
Dans les cas extrêmes, s’il n’y a pas ou plus de désir de grossesse, il est également possible de faire une ablation de l’endomètre ou encore une hystérectomie.
Adénomyose : les 6 questions les plus posées
Adénomyose et prise de poids vont-elles forcément de pair ?
La prise de poids n’est pas un symptôme connu de l’adénomyose, en revanche les traitements hormonaux utilisés pour traiter cette anomalie peuvent en être responsable.
L’adénomyose peut-il entraîner une fatigue ?
L’adénomyose peut provoquer de la fatigue indirectement, via des douleurs et pertes de sang importantes.
Comment tomber enceinte avec de l’adénomyose ?
Certaines femmes ont de l’adénomyose mais aucun problème de fertilité. Si vous rencontrez des difficultés, il faut consulter un spécialiste.
Le cancer est-il une conséquence possible de l’adénomyose ?
Non, il n’y a pas de risque de cancérisation de l’adénomyose.
Le traitement de l’adénomyose est-il une sorte de ménopause ?
Non, le traitement de l’adénomyose consiste simplement à stopper les symptômes, parfois avec l’aide de contraceptifs. À l’arrêt des traitements, les cycles reprennent normalement, au contraire de la ménopause qui est définitive.
Quelle est la différence entre l’endométriose et l’adénomyose ?
Dans les deux cas, adénomyose et endométriose, ce sont des cellules de l’endomètre (la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus, qui s’évacue pendant les règles, provoquant le saignement) qui se mettent ailleurs dans le corps : dans le muscle utérin (myomètre) pour l’adénomyose, au niveau des ligaments, de la vessie ou encore ailleurs pour l’endométriose.