Aménorrhée secondaire : quand l’absence de règles devient inquiétante

Cela peut durer des mois, parfois des années. Soudain, une femme en âge d’avoir ses règles ne les a plus. Focus sur l’aménorrhée secondaire, un mal qui toucherait de 2 à 5 % des femmes, parfois plusieurs fois au cours de leur vie.

L’absence de règles est absolument naturelle dans le cas d’une grossesse, ou encore à l’arrivée de la ménopause. C’est pourquoi il est nécessaire de faire un test de grossesse en cas d’arrêt des menstruations.

En revanche, quand une femme n’est touchée par aucune de ces situations, on parle d’aménorrhée secondaire. L’expression n’est pas toujours donnée aux patientes, comme l’explique Elisabeth, 32 ans.

« Adolescente, je souffrais d’anorexie, et on m’a simplement dit que c’était normal que ça stoppe mes règles, je n’ai su que des années plus tard qu’on appelait ça l’aménorrhée secondaire. »

À partir de combien de mois d’absence de règles parle-t-on d’aménorrhée secondaire ?

On considère qu’une femme est touchée par l’aménorrhée secondaire quand elle n’a pas eu de menstruations depuis l’équivalent de la durée de 3 cycles menstruels, ou d’au moins 6 mois.

Il ne faut donc pas confondre l’aménorrhée secondaire avec des cycles longs, qui peuvent arriver à toutes, selon les périodes de la vie.

De plus, l’aménorrhée secondaire se différencie de l’aménorrhée primaire qui concerne les jeunes femmes de 16 ans ou plus qui n’ont jamais eu leurs règles tout en ayant développé pour certaines un corps pubère.

Quelles sont les causes de l’aménorrhée secondaire ?

Si vos cycles s’interrompent un temps, il est important d’aller consulter afin d’identifier la cause de cette aménorrhée secondaire et la traiter correctement.

Par exemple, cela peut être dû au syndrome d’asherman (ou synéchie utérine) qui empêche les règles de passer. Dans ce cas, le traitement se fait de manière chirurgicale.

L’absence de règles peut être un symptôme du syndrome des ovaires polykystiques, ou encore lié à des troubles du comportement alimentaire, à une très forte pratique sportive ou encore, en vrac, à des traitements neuroleptiques (antidépresseurs), ou, très rarement, dans le cas de certaines tumeurs cérébrales.

L’aménorrhée secondaire peut aussi être la manifestation physique d’un état de stress. Le stress, un choc, des événements brutaux peuvent être la cause d’une aménorrhée, comme l’explique Danièle Flaumembaum, gynécologue, dans un article du Huffington Post :

« Les règles sont sous la dépendance du système hormonal qui est régi par une glande dans le cerveau, l’hypophyse, elle-même supervisée par un système neuro-hormonal qui s’appelle l’hypothalamus, complètement réceptif à l’ambiance émotionnelle du moment, qu’elle soit sociale, familiale… »

Selon cette dernière, il n’y a pas d’inquiétude à avoir si vous traversez une période difficile. Tout devrait revenir à la normale une fois les turbulences passées et laissées derrière soi.

La gynécologue Anne Bernard-Renard rassure cependant en rappelant que dans la plupart des cas, l’aménorrhée secondaire n’est pas synonyme d’infertilité.

« Seul le cas de la ménopause précoce provoque l’infertilité. Cela se découvre via un bilan hormonal »

Traiter l’aménorrhée secondaire : quelles solutions ?

De même qu’il n’y a pas une seule cause à l’absence de règles, il n’y pas un seul traitement possible à l’aménorrhée secondaire. En fonction de la raison, les manières de stimuler la reprise des règles prendront diverses formes, et seul un médecin pourra vous aider.

La solution à une aménorrhée secondaire due à une pratique sportive intensive ou bien des troubles alimentaires consiste simplement à un changement de rythme de vie.

Dans d’autres cas, comme en témoigne Clara, trouver un traitement à son aménorrhée secondaire a été compliqué.

« Quand j’ai arrêté ma pillule après des années d’utilisations, je savais que les règles pouvaient mettre du temps à revenir… Sauf qu’après six mois, je n’avais toujours rien alors je suis allée voir un gynécologue pour voir si tout allait bien. Il m’a ri au nez en me disant que tant que je ne voulais pas d’enfant, ça ne posait pas de problème, que je n’avais que des ovaires paresseux. J’ai eu l’impression qu’on ne me prenait pas au sérieux, je trouvais ça bizarre.

Ça a duré des années. J’ai vu tout un tas de médecin de différentes spécialités, on m’a fait faire des bilans hormonaux, mais les résultats étaient bons et je ne souffre pas de syndrome des ovaires polykystiques… Je mange normalement, je ne prends pas de médicaments, je ne suis pas grande sportive…

À un moment, cette histoire a fini par me rendre dingue, alors je me suis tournée vers une psy, une acupunctrice et j’ai aussi vu un ostéo dans la foulée. C’était il y a moins d’un an, et depuis, petit à petit mes cycles sont revenus. Honnêtement, je ne sais toujours pas à quoi est dû cet arrêt, si la psy a “débloqué” quelque chose, ou si c’est plutôt grâce à l’acupunctrice ou encore l’ostéo. »

Entre 2 et 5 % des femmes vivent un épisode d’aménorrhée secondaire au cours de leur vie. Si les raisons sont nombreuses et que les solutions immédiates manquent parfois, il est bon de faire connaître cette pathologie, et d’en parler au maximum.

En conclusion, si vous constatez une absence de règles depuis 3 cycles menstruels ou 6 mois, il s’agit peut-être d’une aménorrhée secondaire. Il faut se diriger vers un·e spécialiste médical·e pour en connaître les causes et être aidé pour le retour progressif des règles.

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