L’éjaculation féminine : leçon humide sur ce mécanisme encore tabou

Ejaculation, “squirting”, “femme fontaine”… autant de termes différents, qui réfèrent pourtant tous à la même chose : le liquide expulsé par les femmes au moment de l’orgasme.

Contrairement à la croyance populaire, l’éjaculation n’est pas l’apanage des hommes. Le phénomène est d’ailleurs tout à fait courant, puisque selon une étude, près de 70% des femmes déclarent avoir déjà expulsé un liquide lors de l’orgasme. On parle aussi de “femmes fontaines”, ou de “squirting” en anglais.

Physiologiquement, on distingue deux types d’éjaculat féminin : celui produit par les glandes de Skene, aussi appelées glandes para-urétrales, et celui des “femmes fontaines”.

Les sécrétions de la “prostate féminine”

Les glandes de Skene, situées entre le vagin et l’urètre, sécrètent un liquide translucide au moment de l’orgasme. Différent de l’urine, des sécrétions vaginales et de la cyprine, cet éjaculat reste encore entouré de mystère. Il contient toutefois du PSA (Antigène Spécifique de la Prostate), une molécule produite par la prostate que l’on retrouve aussi dans le sperme. 

Toutes les femmes n’étant pas dotées de glandes de Skene, cette forme d’éjaculation féminine n’est pas possible pour toutes.

Les sécrétions vésicales

Le liquide des “femmes fontaines”, d’un volume plus important, est produit par la vessie, et expulsé lors de contractions réflexes. Il contient les mêmes composants que l’urine, soit un mélange d’acide urique, de créatinine et d’urée, mais est inodore et translucide.

Au contraire de l’éjaculation par les glandes de Skene, toute femme peut être “femme fontaine” puisque rien ne la caractérise anatomiquement.

Quand (et combien) éjacule-t-on ?

L’éjaculation féminine survient par stimulation clitoridienne, généralement au moment de l’orgasme ou à son approche. Pas toujours systématique, l’éjaculation peut également passer inaperçu.

Le liquide peut jaillir en jet ou ruisseler, d’où l’appellation des “femmes fontaines jaillissantes » ou “ruisselantes”. En termes de volume, une femme peut expulser entre une cuillère à café et 300 ml maximum, qui n’est autre que la contenance d’une vessie. Lorsque le liquide provient des glandes de Skene, le volume ne représente souvent que quelques gouttes.

L’éjaculation peut être exceptionnelle dans la vie sexuelle d’une femme, épisodique ou régulière, c’est-à-dire avoir lieu à chaque rapport ou masturbation. 

Pourquoi l’éjaculation féminine est-elle si méconnue ?

L’éjaculation des femmes n’a pas toujours été taboue. Elle n’a pas non plus toujours été réduite à un fantasme masculin ou à une simple catégorie de porno. “Dans les cultures qui considéraient le corps féminin comme semblable au masculin et où on accordait une grande importance au sexe et au plaisir féminins, la femme éjaculait elle aussi” relève Stephanie Haerdle, autrice de Fontaines – Histoire de l’éjaculation féminine de la Chine ancienne à nos jours. Bel et bien existante dans les cultures de la Chine et de l’Inde anciennes, l’éjaculation féminine a peu à peu cessé d’être représentée, la faute, entre autres, à une société patriarcale.

“À partir du XVIIIe siècle, le corps féminin n’est même plus considéré comme une version altérée du corps masculin mais comme un corps relégué en tant qu’”autre”. Cette altérité sera prétexte à une nouvelle hiérarchisation. Alors que les organes génitaux des hommes sont externes, ceux des femmes sont internes : signe évident d’une nature inachevée, défectueuse et dépendante. (Ne cherchez pas le lien logique, il n’existe pas.) Et voilà que les plaisirs des femmes et leurs manifestations disparaissent des discours et des pratiques, avec l’appui d’une religion qui a la sexualité en horreur” détaille la journaliste Sophie Benard dans les lignes de Slate.

FAQ : tout savoir sur l’éjaculation féminine

Comment déclencher une éjaculation féminine ?

Avec un peu d’entraînement et beaucoup de lâcher-prise, il est possible de devenir une “femme fontaine”. L’éjaculation (vésicale) passe par la stimulation interne et/ou externe du clitoris, et une déconnexion mentale. Ce lâcher-prise permet de passer au-delà de la sensation d’envie d’uriner lorsqu’elle survient pour ne pas réfréner l’expulsion du liquide. Être détendue, confortablement installée et en totale confiance avec son ou sa partenaire (s’il y en a un·e) sont de bons moyens de tendre vers un lâcher-prise. Mieux vaut s’armer de patience, devenir une femme fontaine peut prendre du temps.

Comment éviter d’éjaculer ?

L’éjaculation n’a pas à être une source de gêne, et peut au contraire augmenter le plaisir ressenti. Cependant, si l’éjaculation pose problème et est subie, il est possible de s’entraîner à la maîtriser pour mieux la contrôler lorsqu’on sent qu’elle arrive : par exemple en ralentissant, ou en changeant de position. Un sexologue peut également aider à mieux comprendre l’éjaculation, ou à l’envisager autrement pour en faire un atout dans sa vie sexuelle.

La masturbation féminine se termine-t-elle forcément par une éjaculation ?

Si la masturbation termine par un orgasme, celui-ci peut s’accompagner d’une éjaculation, sans être nécessairement synchrone. Celle-ci n’est toutefois pas systématique ni toujours visible, si le volume éjaculé ne représente que de quelques gouttes.

À quoi est due une éjaculation féminine importante ?

Les éjaculations qui contiennent un volume important de liquide sont généralement des sécrétions vésicales, donc expulsées lors de contractions de la vessie. Pas de panique, cela n’est le signe d’aucun dysfonctionnement. D’après une étude publiée en 2013, 78,8% des “femmes fontaines” et 90% de leurs partenaires sexuels considèrent cette éjaculation importante comme un “enrichissement de leur vie sexuelle”.

Laisser un commentaire