Choisit-on vraiment de s’épiler ?

L’épilation, une norme écrasante chez les femmes… Mais pas les hommes !  

Si la remise en question du choix de l’épilation devient plus courante, notamment avec des célébrités comme Emily Ratakwojki ou Miley Cirus qui se sont affichées les aisselles poilues, le choix de tout « éliminer » reste une norme chez les femmes.

Ainsi, en 2006, une étude Ipsos rapporte que 77 % des personnes, tous sexes confondus, trouvent que l’épilation d’une femme est importante pour la rendre séduisante. Une autre étude, cette fois réalisée en 2017 par Glossybox avance que 78% des françaises sont contre le retour des aisselles non-épilées.

La pression est telle qu’une femme sur deux aurait déjà refusé un rapport sexuel pour une histoire de poils, comprenez de sa pilosité non-entretenue. 

Pourtant, si l’épilation du corps (sauf des cheveux) est d’une banalité totale pour les femmes, la mode du côté des hommes est plus à la barbe de 3 jours et à la tolérance sur la pilosité. Ce qui est sexy chez les uns est source de complexe chez les autres…

S’épiler : un choix ou un réflexe ? 

De nombreuses raisons peuvent pousser à s’épiler. Agnes explique être tolérante quand elle voit des photos d’une femme non épilée, mais elle se préfère sans poil :

« Je m’épile parce que je trouve ça plus joli, plus doux, et aussi par respect pour mon copain qui préfère. Je ne trouve pas que ça fait particulièrement mal, au contraire l’épilation est un moment où je prends du temps pour moi, je n’irais pas jusqu’à dire que c’est méditatif mais presque. » 

Sur un groupe Facebook, un commentaire invoque une autre raison, plus pragmatique.

« Personnellement, je m’épile parce qu’il est confortable de coller aux normes, tout bêtement. »

Parce que si s’épiler est censé être un choix, assumer sa pilosité féminine confronte au jugement des autres. Pas simple alors de sauter le pas… 

S’épiler ou ne pas s’épiler : faire face à la pression 

Léa Castor, illustratrice à l’origine de la BD Corps à cœur, cœur à corps où des femmes racontent leur complexe a décidé il y a quelques années de laisser sa pilosité au naturel. 

« J’ai fait ce choix dans un désir double de liberté et d’envie de m’accepter telle que je suis. 

Je trouve que le temps qu’on passe à s’inquiéter de son physique quand on est une femme est impressionnant. C’est du temps qu’on ne passe pas à faire autre chose, comme conquérir le monde par exemple »

Parce que l’épilation prend du temps, de l’énergie et est douloureuse, Marine Spaak/Dansmontiroir (autrice de Sea, Sexisme and sun) a réalisé en août une BD qui a beaucoup tourné sur Instagram et Facebook.

Dedans, elle y répond aux personnes qui disent s’épiler « par choix », rappelant que pour beaucoup, la première épilation est fait sous la pression de moqueries et commentaires désobligeants de l’entourage.

Interrogée sur la question, Marine Spaak souligne la difficulté du sujet.

« Mon but n’est pas de blâmer les femmes qui ne se sentent pas du tout prêtes à garder leurs poils. Ce n’est pas de notre faute si l’on intègre des croyances très négatives sur la pilosité féminine et ce n’est pas si facile de s’en débarrasser, même une fois qu’on a identifié le problème ! »

L’épilation, le genre et la séduction

S’il est évidemment bien plus accepté que les hommes aient une pilosité apparente, notamment sur les jambes, ils subissent néanmoins également des pressions au sujet des normes de beauté. 

Un dos ou des épaules poilues seraient perçues comme des tue-l’amour par une femme sur deux (étude Glossybox 2017), et un maillot non entretenu en dégoûterait 15 % (l’étude est basée sur des questions hétérocentrées, ndlr).

Eux aussi peuvent être alors complexés par leurs poils, et entravés dans leur jeu de séduction. 

Si Agnes, interrogée plus haut se dit ravie que son compagnon entretienne son maillot, elle concède qu’elle se prend plus la tête à ce sujet que lui. 

« Je ne me sens pas séduisante quand je suis en repousse, même si je sais que lui ne s’en rend à peine compte. Je trouve ça important de me sentir belle avant tout, et pour moi ça passe par retirer ce qui dépasse. »

Car derrière le choix de l’épilation se cache l’idée de plaire ou non. Léa Castor, qui a décidé de ne plus s’épiler, explique avoir eu des craintes à ce sujet quand elle a sauté le pas. 

« J’étais célibataire et ça m’a quelque part permis de faire le tri dans mes relations parce que je n’avais pas envie de batailler avec quelqu’un qui n’acceptait pas mon corps au naturel. À part ça, ça ne m’a ni éloigné des mecs (je suis hétéro), ni du fait que je pouvais être une personne attirante. »

S’épiler ou ne pas s’épiler : un choix personnel

Depuis quelques années, de nombreux médias chantent les bénéfices de l’arrêt de l’épilation : meilleure peau, gain de temps et d’argent… 

Pourtant, Léa Castor ne souhaite pas remplacer la pression de l’épilation par une autre. 

« J’ai pas envie que les gens se sentent obligés de ne pas s’épiler… Ça ne regarde que vous !  Et puis c’est normal de complexer parce que c’est vrai qu’avec des poils on peut se manger des remarques méchantes, on est hors norme. Ça demande beaucoup de courage ! »

Chacun·e est libre de faire ce qu’il ou elle veut de son corps, de s’épiler ou non. Malheureusement, certains choix sont encore aujourd’hui plus tolérés socialement que d’autres.

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