Gêne, honte, insécurité, tabou, angoisse… lorsqu’il est question d’incontinence urinaire, les mots sont toujours forts et les expériences souvent douloureuses. Nous vous proposons le témoignage de Julie, 30 ans, qui a – c’est le moins qu’on puisse dire – le sens de l’humour et un optimisme à tout épreuve face à cette pathologie !
A l’adolescence, tout commence
Les fuites en cours de sport
« J’ai commencé à souffrir d’incontinence lorsque j’étais adolescente, vers 15 ans. Comment ça s’est manifesté ? Je me suis fait dessus lors d’une session de trampoline en cours de sport au collège ! » Lorsqu’elle évoque son incontinence urinaire, Julie en rigole. Elle en parle avec beaucoup d’aisance – sa formation de médecin y est sans doute pour quelque chose ! – même si les souvenirs sont difficiles.
« J’ai eu plusieurs fois des fuites en séances de sport à l’école… C’était toujours très compliqué à dissimuler. On me demandait souvent pourquoi je gardais mon pull noué autour de la taille, alors même que je grelottais de froid et que j’aurais dû le mettre sur mon dos ! C’était la seule façon de cacher que mon pantalon était mouillé… »
A l’époque, Julie n’en parle qu’à sa mère, pas même à ses amies. « J’avais honte bien sûr, même si je ne considérais pas cela comme grave. C’était juste très gênant ! Une fois, c’est arrivé après une séance de judo, alors que je rentrais chez moi. Je me suis retrouvée à devoir me déshabiller, entre deux voitures dans une rue peu passante, car je ne pouvais pas me promener comme ça ! »
L’incontinence d’effort : ho ! hisse !
Elle fait rapidement un constat : ces « fuites » n’apparaissent qu’après ou pendant une séance de sport. Et du sport, elle en fait beaucoup : judo, danse, mais aussi ski, snowboard, vélo ou surf quand elle peut !
« Ce que j’avais, c’était une incontinence d’effort. On pense souvent que l’incontinence concerne les femmes d’un certain âge mais pas du tout ! J’avais une faiblesse naturelle évidente à ce niveau là… Certaines femmes ont des migraines ou des maux de ventre, moi c’était le périnée qui flanchait ! »
Mieux vivre grâce à la contraction du périnée
Pour cette petite brune à la blague facile, pas question de se laisser abattre. Pour se soigner, elle commence les exercices pour muscler son périnée. Pas de séance de kiné mais des mouvements de contraction qu’elle répète plusieurs fois par jours, tous les jours. Pendant quelques années, les problèmes disparaissent… presque. « Il arrivait qu’une petite fuite se produise en cas de grosse toux par exemple. Ce n’était pas grand chose mais ça arrivait de temps en temps. En tout cas, rien qui ne m’empêchait d’avoir une vie sociale épanouie. »
A cela s’ajoutent des cystites à répétition, qui lui bouffent la vie. « Si je ne bois pas mes 2 litres d’eau par jour, c’est l’infection urinaire assurée. C’est vrai que boire beaucoup, ce n’est pas toujours très compatible avec les problèmes d’incontinence urinaire… mais je préfère la fuite à l’infection. »
L’accouchement, et tout recommence
En plus de la douleur, les pauses pipi à répétition
Vient le temps de la grossesse et un accouchement très difficile. « J’ai eu une très grosse déchirure et quinze points de suture. On m’a prescrit une douzaine de séances de rééducation. Mais évidemment je suis restée incontinente pendant plusieurs mois. » Pendant cette période, c’est plus la douleur que l’incontinence elle-même qui la gêne. « Je mettais des protections et c’était bon. On ne va pas se voiler la face : ce n’était pas agréable, mais rien d’insurmontable. »
« En revanche, ce qui me posait le plus de problème, c’était vis à vis de mon mari ! Nous avons fait un voyage en Irlande peu de temps après l’accouchement. Trois semaines de voiture. Plusieurs fois par jour, je lui criais « vite, arrête toi ! » pour descendre faire pipi sur le bord de la route entre deux portières. Quand ça me prenait, je ne pouvais pas me retenir et il fallait s’arrêter tout de suite, où qu’on soit ! Bien sûr, la scène était cocasse à chaque fois… Je ne sais pas combien d’Irlandais ont vu mes fesses ! Mais c’était quand même très gênant, surtout que l’incontinence n’était pas qu’urinaire… »
Un optimisme à toute épreuve
Aujourd’hui, Julie va mieux. Mais elle sait que l’incontinence urinaire sera toujours une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, et ce malgré sa rééducation périnéale et sa bonne volonté à poursuivre les exercices à la maison. « La gynéco m’a dit qu’il faudrait opter pour une césarienne à la prochaine grossesse. Mon périnée est tellement abîmé qu’un deuxième accouchement catastrophe pourrait me rendre complètement incontinente, à vie. »
Une menace qui lui fait peur et qu’elle prend très au sérieux… même si cela ne l’empêchera pas d’avoir un deuxième ou même un troisième enfant. « J’aime les grandes familles, sourit-elle. Et en attendant, je fais mon possible pour muscler mon périnée et le préparer aux prochains grands bonheurs de ma vie ! »