Non, les utérus ne sont pas tous pareil ! Certains souffrent d’endométriose, d’autres sont « rétroversés », « bicornes » ou encore victimes du syndrome de Rokitansky… Comment repérer ces malformations ou anomalies ? Et surtout, comment réagir si vous en avez une ?
Dans beaucoup de cas, l’utérus est un organe musculaire qui ne pose aucun souci majeur à la personne qui le détient. Malheureusement, ce n’est pas une vérité générale. Certains utérus ont des malformations, des anomalies. Cela n’est pas toujours très grave, mais il est important d’être au courant de leur existence !
Sans malformation, l’utérus évolue tout de même au fil du temps
Tout au long de la vie d’une femme, l’utérus va varier en taille, pouvant passer d’une simple au double, voir plus encore pendant la grossesse. Sa taille n’est pas sa seule modification. À la ménopause, quand les règles cessent, des symptômes incommodants peuvent survenir : bouffées de chaleur, troubles du sommeil… Sans compter que c’est après cela, vers 60-65 ans, que le cancer du col de l’utérus arrive le plus souvent. Avant cette période, certaines personnes souffrent parfois des décennies à chaque fois qu’elles ont leurs règles. Elles peuvent subir des maux de ventres, de dos, des problèmes intestinaux et de troubles de l’humeur dus aux hormones. Si ces douleurs au niveau de l’utérus restent légères, il n’y a pas à s’alarmer. En revanche, il n’est pas normal de se tordre de douleur à chaque cycle. Si c’est votre cas, il est conseillé de consulter un spécialiste : il pourrait s’agir d’endométriose.
L’endométriose, une maladie de l’utérus à prendre au sérieux
L’endométriose est une maladie de l’utérus qui toucherait une femme sur dix environ. Les chiffres restent flous car elle reste sous-diagnostiquée : certaines patientes vont voir de nombreux praticiens avant d’en rencontrer un réussissant à l’identifier. Pourtant, les malades souffrent énormément : pendant les règles tout d’abord, mais aussi pour certaines pendant les rapports sexuels. De plus, l’accès à la grossesse devient plus difficile. Face à de tels symptômes, les solutions sont limitées. Il n’existe actuellement aucun moyen de soigner définitivement l’endométriose. On peut alors proposer aux femmes de prendre des traitements hormonaux (sous forme de contraception ou non) dans le but de bloquer la production d’hormones. Une autre solution peut être amenée via la chirurgie, qui consiste à retirer les excroissances endométriales. Malheureusement, cela ne marche qu’un temps et l’endométriose peut revenir dans les années qui suivent. Enfin, l’ultime solution reste l’ablation de l’utérus qui cause une infertilité définitive.
Malformation de l’utérus : quid de l’utérus rétroversé ?
Heureusement, toutes les anomalies de l’utérus ne provoquent pas tant de souffrances. La plupart des femmes ont un utérus orienté vers l’avant, dit antéversé. Cependant, entre 20 et 25% des femmes auraient un utérus rétroversé, c’est à dire dirigé vers l’arrière. Il s’agit plus d’une variante que d’une malformation. Cela ne modifie pas son fonctionnement, bien qu’il puisse générer des douleurs lors des règles et des rapports. Au jour le jour, cela ne change donc pas grand chose : l’utérus rétroversé n’empêche pas de porter une coupe menstruelle, et il est d’ailleurs tout à fait possible de ne jamais se rendre compte de cette différence.
Utérus cloisonné, unicorne ou absence d’utérus : des malformations de l’utérus plus graves
D’autres malformations de l’utérus ont malheureusement des conséquences plus graves. L’utérus cloisonné, par exemple, qui consiste à avoir une cloison dans son utérus, peut encourager le risque de fausses couches à répétition. D’autres, comme l’utérus unicorne (lié qu’à une seule trompe de fallopes) ou utérus bicorne (comprenant deux cavités), diminuent les chances de grossesses. Il est en de même pour les femmes porteuses d’un utérus double, c’est à dire qui ont deux utérus et souvent deux vagins. Ces malformations peuvent avoir des conséquences empêchant la grossesse, par exemple quand cela interfère la captation de l’ovocyte. Enfin, le syndrome de Rokitansky est probablement l’un des plus impressionnants. Celles qui en souffrent naissent sans utérus, n’auront donc jamais leurs règles et ne pourront pas tomber enceinte. En revanche, leurs ovaires restant fonctionnels, elles peuvent décider de passer par la gestation par autrui (même si illégale en France). En plus de ces conséquences, ces femmes peuvent rencontrer des difficultés pour avoir des rapports sexuels, leur vagin étant alors très petit. Elles ont alors le choix entre dilater leur vagin (à l’aide de dilatateurs de plus en plus gros permettant de l’agrandir) ou de se le faire opérer. L’association MRKH, dédiée à ce syndrome, propose de prendre en charge l’opération.
Quand la malformation de l’utérus aurait pu être évité
Dans la plupart des cas précédemment cités, on peut se dire que ces malformations de l’utérus sont de la faute à “pas de chance”. Il ne reste qu’à essayer de vivre avec, en trouvant des solutions adaptées. Malheureusement, dans d’autres cas, des médicaments sont accusés d’avoir causé des malformations sur les organes génitaux du fœtus, pendant la grossesse. C’est le cas ici du Distilbène, un médicament autrefois prescrit pour prévenir les fausses couches. De nombreux enfants de femmes qui en ont pris souffrent de troubles de la fertilité, de difficultés à mener à termes les grossesses, mais aussi d’une prévalence aux cancers du vagin ou du col de l’utérus. Après un tel scandale, révélé dans les années 80, il est bon d’espérer que l’erreur ne se répète pas. La moitié de l’humanité est dotée d’un utérus, de nombreux problèmes existent déjà naturellement, pas besoin d’en créer d’autres.