Quelques jours avant les règles, environ 5 % des personnes menstruées plongent dans un état dépressif ponctué de sautes d’humeur, d’accès de colère et d’anxiété. Tels sont les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel qui fait de l’arrivée des règles un enfer sur le plan psychique.
Le trouble dysphorique prémenstruel, c’est quoi ?
Entre 20 à 40 % des personnes menstruées seraient sujettes au syndrome prémenstruel. Les quelques jours précédant l’arrivée des règles s’accompagnent alors de symptômes à intensité variable : maux de tête, fatigue, poitrine douloureuse, sautes d’humeur… Mais pour un peu moins de 5 % d’entre elles, la période prémenstruelle est bien plus violente au niveau psychique. On parle alors de trouble dysphorique prémenstruel, aussi appelé TDPM.
Quels sont les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel ?
Cette forme aggravée du syndrome prémenstruel se manifeste à travers plusieurs troubles psychiatriques tels qu’une humeur dépressive marquée, de l’anxiété, des crises de colère, une labilité émotionnelle… Autant de symptômes qui font passer la phase prémenstruelle pour une véritable dépression, si ce n’est qu’elle ne dure que quelques jours.
“J’ai toujours eu des crises d’angoisse et de colère, mais elles s’amplifient une fois par mois, juste avant mes règles. Pendant trois à cinq jours je ne veux parler à personne, je me renferme sur moi-même et je reste dans le noir à pleurer. Je deviens très colérique et j’ai des envies de suicide” raconte Amel, 19 ans, qui souffre du TDPM depuis plusieurs années.
À cela peuvent venir s’ajouter des troubles du sommeil et de la concentration, un état de fatigue, des variations de l’appétit. Mais aussi des symptômes physiques : poitrine douloureuse, ballonnements, douleurs articulaires…
Comme lors d’une dépression, le TDPM affecte le quotidien et notamment les relations sociales, le travail ou les activités scolaires. Par effet boule de neige, un environnement stressant favorise ces troubles psychiques.
D’où vient le TDPM ?
L’origine du trouble dysphorique prémenstruel reste encore inexpliquée mais selon la recherche actuelle, il s’agirait d’une combinaison de facteurs neurobiologiques et neuro-endocrinologiques, notamment dû à une carence en sérotonine.
Le TDPM pourrait également être favorisé par une prédisposition génétique et par l’environnement social.
Comment le trouble dysphorique prémenstruel est-il diagnostiqué ?
En cas de suspicion d’un trouble dysphorique prémenstruel, vous pouvez vous adresser à votre médecin, gynécologue, psychiatre ou psychologue. Cependant, les symptômes de ce trouble rendent son diagnostic compliqué, puisqu’il peut s’apparenter à une dépression ou à une bipolarité.
Encore aujourd’hui, Amel a du mal à faire reconnaître son TDPM : son psychiatre lui dit qu’elle est dépressive, tandis que son médecin évoque une bipolarité. C’est en menant ses propres recherches qu’elle a découvert le TDPM : “Je me suis beaucoup renseignée et tout collait parfaitement à ma situation” confie-t-elle.
Pour diagnostiquer un TDPM, la patiente doit être sujette à une humeur dépressive, une labilité émotionnelle, une forte anxiété et une nervosité. Ces symptômes se manifestent entre la phase lutéale (soit la période entre l’ovulation et les prochaines règles) et la phase folliculaire du cycle menstruel (lorsque les ovocytes maturent dans le follicule ovarien, dès la fin des dernières règles).
Puisque le TDPM est lié au cycle menstruel, cet état dépressif et les sautes d’humeur disparaissent pendant une période d’une semaine minimum après les règles. Les symptômes doivent être évalués quotidiennement sur deux cycles consécutifs.
Quel traitement contre le TDPM ?
Il n’existe pour le moment aucun traitement réellement efficace pour venir à bout du TDPM. Toutefois, plusieurs approches thérapeutiques permettent d’atténuer ses symptômes.
Un régime alimentaire réduit en sel, sucre, caféine et alcool peut aider à mieux vivre la phase prémenstruelle. Il est également conseillé de pratiquer une activité physique et de faire des exercices de relaxation.
Si ces changements n’entraînent aucune amélioration, le médecin pourra prescrire un traitement avec des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), qui font partie de la famille des psychotropes.
Un traitement endocrinologique avec l’hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires (GnRH) peut également être envisagé. S’il a montré son efficacité, ce traitement peut causer des effets secondaires non négligeables et exposer le·la patient·e à des dysfonctionnements hormonaux.
Mieux comprendre le trouble dysphorique prémenstruel et appréhender les symptômes
Amel, qui suivait déjà un traitement pour stabiliser son humeur avant que son TDPM ne soit diagnostiqué, a appris à mieux gérer ses crises au fil du temps : “Je sais que je vais exploser quelques jours avant mes règles, donc je m’isole et je médite. J’essaie de ne pas céder à mes idées noires en gardant en tête que ça va passer”.
Une psychothérapie peut ainsi aider à comprendre le fonctionnement du trouble dysphorique prémenstruel et ses symptômes pour mieux vivre avec, et trouver une réponse thérapeutique appropriée.