Qui a inventé le premier tampon hygiénique ? Retour sur son évolution

Depuis la nuit des temps les femmes ont leurs règles. Très rapidement, la nécessité de collecter le flux menstruel s’est faite ressentir par de nombreuses femmes. L’idée d’une protection insérée dans le vagin a germé et au milieu du XXème siècle est né le tampon hygiénique ! 

l’ancêtre du tampon hygiénique dans l’ancien monde

Selon les régions du monde, les techniques pour absorber le flux menstruel étaient variables car on utilisait les matériaux qu’on avait à disposition. En Egypte, les femmes utilisaient la même plante que celle employée pour fabriquer les papyrus. Au Japon, le papier a été adopté, contrairement à Rome, où les femmes utilisaient de la laine. Parfois, des matières entièrement végétales étaient choisies comme de la mousse ou de l’herbe.

1931, la création du tampon hygiénique moderne

Le Dr Earle Haas était soucieux du confort des femmes pendant leurs règles. Il avait bien compris que les ceintures sanitaires auxquelles étaient accrochées des bouts de tissus étaient vraiment peu pratiques au quotidien. L’idée de son invention lui est venue d’une amie utilisant une éponge qu’elle insérait dans son vagin pour absorber son flux menstruel. C’est à partir de ce témoignage qu’il a créé le premier système de tampon hygiénique avec applicateur. L’applicateur a été créé pour des raisons d’hygiène, pour que les femmes n’aient pas à toucher le tampon hygiénique. Son brevet déposé en 1931 n’a trouvé acquéreur qu’en 1933 pour 32.000 $. L’acheteuse n’est autre que Gertrude Tenderich, qui créera la marque Tampax deux ans plus tard.

années 1950

Les premiers tampons sont vendus sur le territoire américain, mais uniquement aux femmes mariées. La croyance populaire veut qu’il risque de faire perdre la virginité aux jeunes femmes. 

Après la seconde guerre mondiale, le tampon hygiénique s’installe définitivement sur le marché des protections hygiéniques aux États-Unis comme en Europe. Les ventes sont tout de même bien inférieures à celles des serviettes. Plusieurs marques existent désormais. Au delà du Tampax avec applicateur, les Pursettes font leur entrée dans les rayons. Ces tampons sans applicateur bénéficient d’un embout lubrifié pour une insertion plus en douceur. Déjà à cette époque, chaque marque tente de se démarquer avec des tampons hygiéniques toujours plus performants. 

Dans la deuxième moitié du XXème siècle, les règles sont un sujet tabou. Des petites boîtes décorées ont donc fait leur apparition, dans le but de ranger et surtout de cacher ses tampons hygiéniques, si « par malheur » ils tombaient d’un sac à main.

1971

Une idée reçue tenace veut que le sang des règles sente mauvais. La marque Playtex joue sur ce mythe et lance le premier tampon hygiénique ayant un pouvoir déodorant. Ce produit va ouvrir la voie à un nombre considérable de protections d’hygiène intime toutes plus parfumées et chimiques les unes que les autres.

1975

La course au tampon hygiénique le plus absorbant est frénétique. Le groupe Procter & Gamble frappe fort et débarque avec ses « super-tampons » Rely. Son slogan ? « We even absorb the worry », comprenez que ces tampons hygiéniques ont un tel pouvoir absorbant, qu’ils absorbent aussi tous vos soucis.

Résultat ? Cinq ans plus tard, on compte 600 femmes ayant subi un syndrome du choc toxique. Le terme syndrome du choc toxique, a été choisi à cette époque pour nommer cette affection, rare mais grave, provoquée par la réaction du staphylocoque doré, une bactérie présente dans le corps, avec un composant synthétique des tampons.
Un syndrome du choc toxique se manifeste par de nombreux symptômes : une fièvre supérieure à 39°C, une éruption cutanée sur l’ensemble du corps semblable à un coup de soleil, des vomissements accompagnés de maux de tête et de gorge ainsi qu’une hypotension artérielle et une fatigue extrême. Les tampons hygiéniques Rely étaient donc aussi absorbants que dangereux.

Rappelons qu’à cette époque, la sensibilisation sur l’utilisation d’un tampon hygiénique était très réduite. Personne ne parlait ni de changer de tampon au moins une fois toutes les 6 heures, ni de choisir un tampon hygiénique en fonction de son flux.

1980

Procter & Gamble retire ses tampons Rely du marché et est condamné. En conséquence, la Food and Drug Administration, l’agence américaine qui régit la distribution des produits alimentaires et médicamenteux, oblige les fabricants de tampons hygiéniques qui les commercialisent aux Etats-Unis à indiquer sur les boîtes de tampons le risque de syndrome du choc toxique. Deux ans plus tard, elle recommande l’utilisation de tampons hygiéniques peu absorbants.
Certains composants synthétiques identifiés comme dangereux ont également été prohibés pour la fabrication de tampons hygiéniques.

1989

Les premiers tampons bio sont commercialisés. Depuis, plusieurs marques proposent des tampons hygiéniques composés à 100% de coton bio.

juillet 2015

La composition des tampons hygiéniques fait encore parler d’elle. Mélanie Doerflinger, étudiante, lance une pétition afin de pousser les marques à indiquer précisément sur leurs emballages la composition de leurs tampons hygiéniques, qui reste à ce jour inconnue.

avril 2017

France 5 diffuse « Tampon, notre ennemi intime », un reportage choc qui reprend cette interrogation sur la composition des tampons hygiéniques et sur leur relation avec le syndrome du choc toxique. Notre avis ? À voir absolument !

janvier 2020

L’ANSES diffuse un rapport sur le syndrome du choc toxique et alerte sur la mauvaise utilisation des tampons hygiéniques. L’ANSES recommande de:

  • bien se laver les mains avant et après l’insertion du tampon
  • de le changer toutes les 4 à 6h maximum
  • de ne pas le garder la nuit
  • de ne pas en utiliser vous avez déjà eu un chox toxique menstruel
  • de privilégier les tampons bio, comme ceux de Dans Ma Culotte par exemple 🙂
  • d’utiliser des tampons plus ou moins absorbants en fonction de vos flux
  • de ne pas utiliser de tampon en dehors des règles.

Le Syndrome du choc toxique, une affection rare mais grave, peut se manifester lors de l’utilisation d’un tampon hygiénique. Lorsque vous portez un tampon hygiénique, si vous percevez des symptômes tels que des vomissements, une diarrhée, de la fièvre (supérieure à 39°C), une éruption cutanée, des étourdissements, des douleurs musculaires, voire un évanouissement, retirez-le sans attendre, prévenez et consultez votre médecin.

Pour en savoir plus sur les symptômes liés au Syndrome du choc toxique, consulter l’Avis et Rapport de l’ANSES concernant la sécurité des protections hygiéniques ainsi que le site du Centre National Staphylocoques.

L’histoire, pour le moins tumultueuse, de cette protection hygiénique bien connue de nombreuses femmes semble loin d’être terminée, qu’en pensez-vous ?

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