Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est très commun : il toucherait une femme sur dix environ. Pourtant, son diagnostic n’est pas toujours facile et de nombreuses personnes en souffrent sans le savoir. Explications.
Qu’est-ce que le SOPK : définition et cause
Derrière l’étrange nom SOPK (qui se prononce lettres détachées : S-O-P-K) se cache le Syndrome des Ovaires PolyKystiques.
Il s’agit d’une pathologie endocrinienne, c’est-à-dire d’un dysfonctionnement des glandes libérant les hormones.
Ici, ce qui caractérise le SOPK est l’augmentation de la production d’androgènes (des hormones dites mâles) dans les ovaires.
Cela provoque de nombreuses perturbations dans le corps et dans la vie des personnes touchées.
Son nom vient de l’un des aspects de ce syndrome : la croissance des follicules étant bouleversée, on en retrouve de nombreux autour des ovaires qui refusent d’entrer en croissance, ce qui ressemble à l’échographie à plein de petits kystes.
Mais le SOPK a de nombreux autres symptômes, beaucoup plus visibles au jour le jour.
Les symptômes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
Au quotidien, le SOPK peut se manifester par de nombreux symptômes, les plus courants étant :
- des règles irrégulières, peu fréquentes ou absentes,
- de l’hirsutisme, c’est-à-dire une pilosité excessive à des endroits normalement glabres, comme le menton, les joues ou le dos,
- de l’acné,
- une forte prise de poid ou de l’obésité,
- des difficultés à concevoir (infertilité).
Pour autant, toutes les personnes touchées par ce syndrome ne partagent pas l’ensemble de ces symptômes, et avoir ces symptômes n’est pas forcément synonyme de SOPK.
C’est bien là toute la difficulté du diagnostic du SOPK…
SOPK : comment diagnostique-t-on le syndrome des ovaires polykystiques ?
La sage-femme Hélène Rialland interrogée pour cet article admet que le diagnostic du SOPK n’a rien d’évident.
« Les symptômes ne sont pas aussi francs que dans d’autres maladies et certaines personnes ne se rendent même pas compte de l’anomalie.
Par exemple, le premier signe est souvent d’avoir des cycles irréguliers, ce qui est commun à l’adolescence. Beaucoup de personnes chez qui ça continue ensuite ne se posent pas de question, et le diagnostic n’est posé que des années plus tard, quand elles rencontrent une infertilité par exemple. »
La procédure pour établir le diagnostic n’est d’ailleurs pas simple : le médecin est censé demander une analyse des cycles, un examen clinique, une échographie endovaginale des ovaires, et des dosages hormonaux.
Cette difficulté à diagnostiquer le SOPK, Clémentine l’a connue. Elle témoigne d’un parcours d’errance médicale de plusieurs années pour trouver des réponses à ses questionnements.
Souffrant d’acné à l’âge adulte et ayant des cycles de plus en plus long, elle décide un jour de consulter une gynécologue qui lui fait passer un premier bilan hormonal. Les taux ressortent normaux…
« J’étais vraiment désemparée et énervée. Je me sentais mal de savoir que mon corps fonctionnait mal, sans avoir de solution. »
Heureusement, elle croise ensuite une endocrinologue qui lui apprend qu’il y a plusieurs types d’hormones mâles, et que celles indiquées sur le bilan qu’on lui a fait passer n’ont pas d’incidence sur le SOPK. Elle repasse un nouveau bilan, et là découvre un taux bel et bien élevé, validant le diagnostic de SOPK. Un soulagement pour elle.
Les conséquences du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) sur la santé
Les conséquences du SOPK peuvent dans un premier temps être psychologiques.
Même si cela n’a pas forcément un impact grave sur la santé, une acnée persistante à l’âge adulte, une pilosité excessive ou encore du surpoids peuvent provoquer de nombreux complexes et isoler.
Clémentine raconte :
« L’acné que j’avais me faisait déjà perdre toute ma confiance en moi. J’avais mal à la peau, je n’oubliais donc jamais que j’avais de l’acné. Je laissais la lumière éteinte dans la salle de bain pour éviter d’avoir à croiser mon reflet dans le miroir… »
Par la suite, l’une des conséquences les plus fréquentes du SOPK est l’infertilité, dont nous parlerons en détail ensuite.
Et sur le très long terme, le SOPK augmente le risque de syndromes métaboliques, comme l’hypertension artérielle ou un trouble de la glycémie, ce qui peut conduire au diabète. Par ailleurs, le SOPK augmente le risque de cancer de l’endomètre.
Infertilité et grossesse avec le syndrôme des ovaires polykystiques (SOPK)
En France, le SOPK est la première cause d’infertilité chez les femmes cisgenres.
La raison est simple : les cycles supérieurs à 35 jours sont considérés comme anovulatoires, et le SOPK perturbe les cycles. Ainsi certaines personnes touchées n’ovulent jamais, ou à peine 2 ou 3 fois par an.
Une personne sur deux souffrant de SOPK connaît des troubles de la fertilité, mais Dr Rialland se veut rassurante à ce propos :
« Beaucoup de patientes qui ont le SOPK n’ont pas de mal à tomber encreinte. Et quand le SOPK n’est pas trop compliqué mais semble provoquer une infertilité, une stimulation ovarienne peut suffire pour obtenir une grossesse. »
En dernier recours, une FIV est également possible.
Clémentine, elle, explique avoir pris la nouvelle avec philosophie.
« Je n’ai pas envie d’enfant tout de suite, et ça a été la cause d’une grande réflexion sur mon désir d’enfant ou non. Ceci dit, mon endocrinologue a été rassurante sur le sujet et je ne stresse pas trop à ce sujet. »
Traitements du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
Il est très important de noter qu’il est impossible de guérir du SOPK. Il n’y a pas de traitement spécifique au syndrome des ovaires polykystiques, mais il en existe pour calmer les symptômes qui dérangent.
Par exemple, contre l’hyperandrogénie (hirsutisme et/ou acné), une contraception hormonale peut suffire à réguler le corps.
Contre l’infertilité, un inducteur d’ovulation peut être prescrit (permettant une grossesse chez 35 à 40 % des patient·e·s). Si cela ne fonctionne pas, une FIV est envisageable.
D’une manière générale, une bonne hygiène de vie prévient les possibles complications.
Clémence, qui a témoigné pour cet article, explique s’être tournée vers la naturopathie qui a été d’une grande aide pour la soulager.
En bref, même si vous ne pourrez jamais soigner votre SOPK, consulter un·e médecin permet de trouver des solutions pour mieux le vivre et, qui sait, l’oublier !