Depuis quelques années, une méthode fait discrètement son apparition au sein de cercles de personnes cherchant des alternatives naturelles pour mieux appréhender leur cycle : la symptothermie. Méthode et regards croisés sur la question.
Qu’est-ce que la symptothermie ?
La symptothermie est une méthode naturelle basée sur l’observation croisée de la texture des glaires cervicales, c’est-à-dire les pertes vaginales, ainsi que de la courbe de température d’une personne afin de repérer sa période de fertilité.
La gynécologue Danielle Faudry souligne que cela nécessite de savoir, pour chaque personne concernée, de combien sa température augmente en moyenne après l’ovulation, et d’apprendre à repérer une glaire filante comme du blanc d’œuf non cuit et son changement, après ovulation, en plus compacte et plus blanche.
Considérés seuls, ces symptômes (température et texture des glaires cervicales) peuvent être perturbés par des éléments extérieurs, comme une maladie ou une infection. Cumulés, ils permettent d’optimiser l’efficacité du calcul.
Mélissa Carlier, coach en symptothermie et créatrice du site Cyclointima.fr explique :
« La symptothermie permet de prendre conscience de comment on fonctionne, et de la nature de nos cycles. On a tou·te·s des cycles menstruels différents, chaque cycle étant lui même unique.
Cette méthode peut également nous donner des informations sur notre santé générale : on peut se rendre compte de déséquilibres, et on peut donc y remédier de manière plus précoce. Il y a plein d’atouts ! »
Comment pratiquer la symptothermie et quel thermomètre choisir ?
Théoriquement, la symptothermie est assez simple d’accès : il suffit donc de noter sa courbe de température ainsi que de prendre note de l’évolution de la texture de sa glaire cervicale au quotidien. Comme on sait qu’à l’ovulation, la température augmente légèrement et les pertes vaginales évoluent, en cumulant ces observations, on peut déterminer une période de fertilité.
Plus concrètement, si la méthode symptothermique vous intéresse, il est primordial de bien se former à ce sujet, comme l’explique Mélissa Carlier :
« Je conseille dans un premier temps de se rapprocher d’un·e professionnel·le pour être accompagné·e dans sa démarche et pouvoir trouver toutes les réponses à ses questions. Le but est de devenir ensuite autonome… Mais si on n’est pas formé·e, on risque de ne pas tout comprendre et donc de faire des erreurs. »
Après ça, la symptothermie a un coût très réduit : il suffit de se doter d’un thermomètre à deux décimales. La coach précise qu’on en trouve des très bien à moins de 20 €.
Des applications existent pour tenir un suivi de ses courbes, mais gare à celles qui proposent de calculer à l’avance votre ovulation : on ne peut prédire quand elle aura lieu, on ne peut savoir qu’une fois qu’elle a eu lieu ! Par ailleurs, attention à vos données : en utilisant une application, elles peuvent parfois être récupérées et être utilisées ensuite sans que vous soyez au courant.
Tomber enceinte avec la symptothermie ?
La symptothermie peut être utilisée de plusieurs manières. Comme elle permet de connaître sa période de fertilité, elle peut servir à optimiser la conception et donc augmenter les chances de tomber enceinte si tel est le but.
D’autres utilisent la symptothermie comme alternative naturelle à la contraception. L’idée est alors d’utiliser des méthodes barrières comme le préservatif ou l’abstinence en période de fertilité. L’OMS annonce d’ailleurs un taux d’efficacité déclarée dans la pratique courante de 98%, mais attention : cela nécessite une rigueur et discipline de la part des deux partenaires.
Dans un tableau de la Haute Autorité de la Santé, on peut lire que le taux d’échec monterait à 25%… Mais ce chiffre est en fait une moyenne des résultats de la symptothermie et de plusieurs autres méthodes “naturelles” (méthode des deux jours, méthode des jours fixes…).
Interrogée sur ces études, la gynécologue Danielle Gaudry reste réservée :
« Effectivement, comme aide à la conception, la symptothermie peut avoir une utilité, et c’est moins cher que les tests d’ovulation.
Comme contraception… On respecte le choix des patientes mais j’ai toujours posé la question de ce qu’il se passerait en cas de grossesse non désirée. Si la patiente répond que cela ne la perturbe pas, je n’ajoute rien, si elle me répond que c’est inenvisageable, je reprends des explications sur les autres méthodes de contraception.
Selon moi, si ces méthodes avaient donné des résultats probants, nos grand-mères s’en seraient contentées et n’auraient pas mis en danger leur vie pour interrompre les grossesses non désirées »
Témoignage : « j’utilise la symptothermie et ça me fait du bien »
Camille explique s’être intéressée à la symptothermie après sa grossesse. Avant cela, elle n’avait connu que la pilule, puis l’anneau vaginal et le DIU cuivre. Rien ne lui convenait.
« Ne supportant pas non plus les préservatifs, j’ai donc pris mon courage à deux mains et ai acheté le livre Cycle féminin et contraception naturelle ainsi qu’un bon thermomètre. J’ai consulté beaucoup de sites internet et d’articles à ce sujet… Et j’ai sauté le pas le mois dernier. »
Au jour le jour, elle souligne que la symptothermie demande une grande rigueur :
« Il faut prendre l’habitude de prendre sa température tous les matins à heure fixe avant de faire quoi que ce soit, puis de la reporter sur un graphique prévu à cet effet et coupler la température à l’observation du col de l’utérus et de la glaire cervicale (toujours après 16h). C’est devenu un réflexe chez moi. »
Elle ajoute :
« Cette méthode a par ailleurs déjà révolutionné ma vie sexuelle : avec mon compagnon, on a déconstruit le schéma d’une sexualité ne tournant qu’autour de la pénétration vaginale, puisqu’il faut se protéger autrement toute une partie du cycle ! »
Notons pour finir que si chaque personne a le droit de faire le choix qui lui convient le mieux, la symptothermie ne protège pas des IST et MST. Il est donc nécessaire que les deux personnes du couple soient dépistées avant d’envisager passer par cette méthode.